JUDE || La violence n'est pas le but mais le moyen [Over]

NE LE (AGE): 9 avril 1975 (33 ans)
A : Portland
VILLE DE DOMICILE : Là où sont les affaires
ETAT CIVIL : Célibataire
PROFESSION : Participe à sa manière à la création d'emplois chez les forces de l'ordre
NATIONALITE : Américaine

• Infraction numéro une
DATE DE LA CONDAMNATION : 2 novembre 1993
NATURE DU CRIME OU DELIT : Agression physique envers un agent des forces de l'ordre
DATE PRECISE DU CRIME OU DELIT : 19 septembre 1993
NATURE ET DUREE DE LA PEINE : 3 ans de prison ferme
OBSERVATIONS (facultatif) : Refus d'obtempérer lors d'un contrôle d'alcoolémie. Le suspect s'en est pris à l'agent qui tentait de lui passer les menottes.




• Mise en situation.

Alléger les caisses de la banque du centre ville en pleine lueur, au beau milieu de l'après midi sous les yeux d'une foule à la fois paniquée et alléchée, regroupée comme des charognards autour d'une proie fébrile. Sheridan avait sans cesse une panoplie de défis à disposition, tous plus fous les uns que les autres. Et quand l'existence se décidait à lui laisser du temps libre, elle en choisissait à relever au gré de ses humeurs et envies. Quant aux possibilités, elles ne pesaient en rien dans la balance du pour ou du contre, l'impossible n'étant pas un frein mais bel et bien un défi supplémentaire, une sorte de bonus. Jouez avec la difficulté et vous en retirerez plus de gloire. Il ne fallait pas prendre ce penchant pour une ambition, mais pour l'amour du risque, peut-être accompagné d'un énorme grain de folie. L'argent n'était pas non plus le but premier de la manoeuvre mais il participait grandement à la hausse de sa criminalité. De nos jours, la vie n'était qu'une prostituée pour qui tout avait un prix, et les dettes coulaient souvent à flot...Puis il fallait bien avoir de quoi verser quelques salaires, ses acolytes ne provoquaient pas la détention gratuitement. Leur promettre de grosses parts de gâteaux avait également le don de leur foutre de sacrés coups de pieds aux fesses !

" Tout est réglé, nous n'attendons plus que ton feu vert.
- L'opération commencera lorsque je sortirai mon arme. Que personne ne fasse quoi que soit avant ça. Le premier qui bouge, je l'achève sur place, lui répondit Sheridan de cette voix autoritaire qui menait son monde à la baguette.

16h00. Fringuée comme une poupée, celle que l'on surnommait Jude s'était de nouveau mise dans la peau de la Judicaelle au féminin, peinte et parfumée, une paire de lunettes retenant les quelques mèches rebelles de sa longue crinière bouclée lâchée pour l'occasion. L'allure d'une civile ordinaire qui avait pourtant chez elle tout l'air d'un déguisement. Il paraissait que l'on avait rien à craindre d'une demoiselle toute en beauté...Quoi de mieux à proposer que cette couverture pour se présenter innocemment au comptoir ? L'effet de surprise n'était pas à négliger. La braqueuse, sous ses airs de garçon manqué, n'était pas adepte du vulgaire hold-up de bourrins; celui où l'on rentrait en balayant tout telle une tornade, armés de gros bazookas " assis, à nos pieds, pas bouger ! ceci est un hold-up!". Merci pour cette précision, personne ne l'avait remarqué. Elle aimait sentir sa pleine possession de contrôle, se persuader qu'elle pouvait se jouer du monde comme un marionnettiste de ses pantins articulés. Dominer, tel était le mot d'ordre chez Sheridan !

La belle pénétra les lieux de son crime à venir. Sa sérénité était déconcertante, telle que personne ne pouvait soupçonner quoi que ce soit. Du moins, presque personne...Jude n'était pas restée sans remarquer la présence importune de ce trentagénaire grisonnant qui les épiait avec une grossière discrétion. Fraîche, souriante, elle se déplaça avec légèreté jusqu'au comptoir, observant tout en même temps les alentours d'un oeil avisé. Un rapide regard vers chacun de ses coéquipiers lui indiqua que tout le monde était à sa place. Très bien, la mission "lutte contre le bien" pouvait entamer son périple.

- C'est à vous ma très chère dame, l'informa l'employé chargé de la clientèle qu'elle avait pris pour cible.
- Appelez moi Anna, lui répondit t-elle d'une voix d'ensorceleuse jouant de ses charmes. Dites, j'ai un petit service à vous demander. Voilà, j'ai une très grande famille à nourrir, et ils ont de très gros appétits. Seulement, je manque de liquidités.
- Je vois, vous envisagez un emprunt ?
- En quelque sorte, si ce n'est que je ne compte rien rembourser, si vous voyez où je veux en venir.

Voyant l'air imbécile de son interlocuteur, Sheridan se lança dans l'éclairage de lanterne. Un sourire coquin aux coins des lèvres, elle s'approcha du banquier puis s'exprima dans un murmure :

- J'ai un flingue planqué sous ma robe mais paraitrait qu'je ne suis pas bonne tireuse. Et comme tu ne veux pas faire les frais de ma maladresse, tu vas t'arranger pour que mes potes planqués un peu partout dans la banque et moi-même accédions au coffre. Oui, je suis sûre que tu es un très gentil garçon.
- Y a un problème ? demanda gravement une voix masculine, tout en la laissant mirer son insigne à loisir.

Les doutes de Sheridan se confirmèrent soudain, elle était sous la surveillance d'un agent de police en civil. Celui-ci ne devait guère être en service mais son instinct restait actif quoi qu'il arrive. Le mal, ils le flairaient de loin lorsque la paranoïa ne les poussait pas encore à le penser à chaque coin de rue. La démone avait peut-être manqué de vigilance en attaquant de front ce pauvre banquier. Il lui fallait rattraper le coup mais ses talents d'actrice avaient leurs limites : l'improvisation.

- Tout va bien, je répétais juste un rôle pour une série télé. Convainquant n'est ce pas ? ajouta t-elle tout en regardant l'employé accompagnée d'un sourire forcé.

L'heure n'était plus à la discussion devant une tasse de thé, Sheridan devait réagir. Ce policier était un obstacle de taille dans la réalisation de ses projets. S'il était armé (et elle n'avait pas franchement envie de prendre le risque de le découvrir), il y avait de grandes chances qu'elle se retrouve avec un ticket pour la morgue au moindre geste suspect. Ses coéquipiers ne réagissant pas (bande d'imbéciles incompétents !), le choix ne s'offrait plus à elle. Elle dû se résoudre à l'action de sa hantise : abandonner la partie. Sûre d'elle, fière comme un italien, le défaite en était d'autant plus amère.

- Tout va bien monsieur ? demanda l'agent au banquier au moyen d'un air qui lui disait clairement que le moment était prompt à la dénonciation.

Je ne saurais vous dire si ce fut la peur ou la bêtise qui guidait ce guignol, mais il lui affirma que tout aillait parfaitement bien. Alice au pays des merveilles ! Le policier avait sans nul doute découvert le manège de la diablesse, mais n'ayant pas entendu ce qu'il souhaitait entendre, il planait une légère hésitation. Faible, certes, mais au combien suffisante pour que Sheridan puisse quitter les lieux sans aucune peine, si ce n'est celle d'avoir manqué son coup et rentrer bredouille, les dents serrées.

Dehors, éloignés du champs de batailles où ils écumèrent leur première défaite depuis plusieurs mois, les truands se rejoignirent. Le ton monta rapidement, peut-être trop au goût de certains.

- C'était qui ce type ?
- Un flic, un putain de flic ! balança t-elle rageusement. Et pas un seul capable de bouger son cul ?! J'apprécie pas vraiment qu'on me laisse patauger seule dans la merde.
- Calme toi Jude, ça sert à rien de spéculer, on allait tout de même pas le descendre. J'ai été cache, nous sommes des braqueurs, pas des meurtriers, disait la voix de la sagesse.

Dans un élan de rage, Sheridan s'en pris à son compagnon. Elle le plaqua avec violence contre le mur de cette usine à l'abandon qui les bordait, puis pointa le métal saisissant de son arme sur la tempe de celui-ci, incontrôlable. Bien qu'elle affirmait à son monde de part son comportement qu'elle était à même de tout gérer, son quotidien n'était qu'un dérapage incessant, non contrôlé de surcroît. Sa haine était telle qu'elle rendait le personnage agressif et explosif, mais tout en même temps charismatique et intimidant. Il était clair qu'on la respectait. Puis franchement, qu'il est idiot celui qui oserait défier une femme en colère.

- Personne n'est en droit d'me dire c'que j'dois faire. Alors tu la fermes ! Ok !?
- Ok, répondit-il judicieusement, haussant ses mains dans les airs.

L'enragée baissa son arme avant de la ranger précautionneusement à l'abri des regards.

- On pouvait rien faire Jude, il aurait très bien pu te tirer dessus au moyen de la légitime défense.
- Ca c'est ton point de vue mec, moi j'en ai un autre. Ne me dis pas que tu n'as jamais tué personne Jay ?
- La peine capitale, prison à perpétuité, taulards, ça t'évoque quelque chose Mc Fly ?
- Si tu penses que c'est ça qui va m'empêcher de nuire. Les taulards je les baise tous, tant qu'à taffer dans ce milieu, autant le faire à fond non ?
- Tu ne diras pas ça lorsqu'ils t'allongeront dans les douches, intervînt elle d'une voix fébrile à même de dévoiler le point sensible...

Les barreaux, voici là la faille de la Grande Sheridan. Elle vînt coller ses lèvres à l'oreille droite de son coéquipier un peu trop monsieur invincible à son goût puis le mis en garde à voix basse, de façon à ce qu'il soit le seul à profiter de ses paroles:

- Séquestré au fond d'une cellule pas plus grande que tes chiottes par un criminel sexuel , dans la peau du jouet favori de toute une colonie de taulards en manque de distractions, et défouloir de tarés en crise, on verra qui baisera qui...S'adressant maintenant à tout le monde, les points firent mis sur les i. On ne crève personne, sauf cas de légitime défense. Cogner les autant que vous voulez, je m'en fou royalement. Mais si vous tenez à votre part du gâteau, je vous conseille de marcher au pas. Je n'aurais pas de scrupules à descendre des putains d'assassins.