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 Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs

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MessageSujet: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptySam 12 Sep - 23:05

Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs Jennifer-jennifer-connelly-482509_100_100 Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs 027-1
UNE JOURNALISTE VAUT PLUS
QUE DEUX EMMERDEURS

Michelle & Ryan


    Déambulant au pas de course, Ryan manqua par deux fois d’heurter des passants. Zachary le suivait de très près, lui-même tracé par trois hommes surarmés. Chacun portait un gilet pare-balles et les regards angoissés ou curieux des civils laissaient présager une ambiance déjà électrique ; Ryan portait constamment le talkie-walkie à sa bouche, diffusant des ordres à tout va. A entendre le ton ferme qu’il employait, on aurait pu croire que la situation était critique. Et la raison pour laquelle il était tant sur le qui-vive était la nécessité qu’il avait d’obtenir des résultats optimaux pour cette intervention. En six mois d’enquête sur une affaire de meurtres en série, il n’avait obtenu aucun élément susceptible de l’avancer, alors maintenant qu’il avait sa chance de regagner des points dans un autre domaine, Ryan refusait de se manquer. Zachary le secondait parfaitement, disséminant pertinemment les contingents d’hommes à leur charge. Aussi loin que Ryan se souvenait, il n’avait jamais autant eu besoin de quelqu’un pour gérer les détails secondaires.

      « Je m’en tape qu’on soit samedi et qu’il y ait affluence ! Tu m’évacues ce putain de terminal ! »

    La réponse grésilla dans le talkie-walkie mais Ryan n’écoutait plus tellement. Parvenu au bout du long hall, lui comme son équipe se trouvaient devant l’espace balisée par la sécurité de l’aéroport. En tenue de service et armes au poing, ils avaient tout des vigiles trop sûrs d’eux et prêts à tirer au moindre faux pas. Ryan s’avança sans plus de cérémonies, trop certain que les choses ne demandaient qu’un détail pour dégénérer.

      « Je suis l’agent spécial Ryan O’Connel, et je n’ai pas le temps de faire de la pédagogie. Cette intervention est sous la juridiction du FBI, alors si un abruti tire le moindre coup de feu, je le fais enfermer dans une prison d’état où la seule visite qu’il recevra sera celle d’un camarade détenu détraqué sexuel. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

    Bien évidemment, il n’obtint aucune réponse puisque sa question n’en était pas véritablement une. Zachary, lui, de son côté, avait déjà communiqué avec les autres équipes afin de déterminer un périmètre adéquat à leur champ d’actions. Les vigiles furent tous écartés progressivement. Seulement, quand Ryan crut enfin pouvoir commencer à agir et à prendre connaissance de la réalité présente, deux nouveaux agents du FBI se présentèrent à lui. Leurs cartes ne signifiaient pas que cela… mais aussi leur secteur : anti-terrorisme.

    Quelques minutes plus tard seulement, il était assis sur un banc du terminal, la barrière policière d’un côté, les journalistes de l’autre. Les décideurs aussi étaient présents et en prêtant l’oreille seulement un instant, Ryan comprit qu’il n’était pas tout à fait question de négocier. En fait, terrorisme ou non, cet avion et cette partie du terminal ne réchapperait pas à un règlement de comptes sanglant et plus que délicat. Ryan, lui, pensait déjà aux répercussions médiatiques. New York était déjà secoué par une vague criminelle toujours plus importante, sans compter, en outre, sur une intervention trop musclée des forces de l’ordre. Le SWAT lui-même était là. En fin de compte, le FBI ne contrôlait pas grand-chose si ce n’était, peut être, le nom des exécutés à venir. Rien que d’y penser, Ryan en avait la nausée.

      « Les journalistes commencent à exiger des informations. »

    Zachary. Il se tenait à deux mètres de Ryan, l’œil aguerri, l’oreille tendue. C’était aussi cela de l’avoir pour partenaire, toujours obtenir de petites informations sur tout en temps réel. Ryan comptait souvent sur lui-même, mais il fallait avouer que Zachary était véritablement doué en la matière d’être un indic’, à croire que c’était le premier grade dans les forces de l’ordre.

      « Et alors ?… je les emmerde, moi. Je suis relevé. Quel bande de c…
      - Relevé ou pas, franchir un périmètre de sécurité, c’est un délit, non ?
      - Évidemment, pourquoi ?
      - Regarde. »

    En relevant la tête, Ryan suivit des yeux la ligne directrice que lui indiquait l’index de Zachary. Plus loin sur leur gauche, un homme, appareil photographique en mains, tentait de passer sous la bande. Peut être un peu excédé, Ryan jeta son talkie-walkie sur le banc et se leva d’un bond. En moins d’une dizaine de pas, il saisissait l’homme par le col et le plaquait au mur dans une arrestation en bonne et due forme.

      « Vous ne pouvez pas vous en empêcher, à croire que ça vous fait jouir d’entendre vos droits… »

    L’écartant du mur, Ryan força le reporter à passer de l’autre côté. En signe de dernière remarque, il lança aux journalistes, toute provenance confondue, le tout dans un sourire ironique :

      « Le FBI n’a aucun commentaire à faire pour le moment. Vous obtiendrez des informations en temps voulu ; allez prendre un p’tit café, en attendant. »


Dernière édition par Ryan O'Connel le Dim 13 Sep - 12:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyDim 13 Sep - 0:52

      « Aéroport de LaGuardia ! Je suis encore au bureau mais je t’attends en bas de l’immeuble. N’oublie pas le matériel et grouille ! »


    Elle raccrocha au nez de son caméraman et se saisit de sa veste tout en quittant son bureau. Elle l’enfila tant bien que mal en récupérant ses clés et son sac à main avant de se précipiter vers la sortie. Meredith Baxter, une secrétaire de rédaction, l’interpella mais Michelle l’ignora, n’écoutant même pas la pauvre jeune femme. Il lui restait sept étages à descendre et toutes les chaînes de télé et la presse devaient déjà se trouver sur place. En appuyant résolument et inlassablement sur le bouton d’appel de l’ascenseur, Michelle analysait les informations qu’elle avait reçues. Et elles étaient bien maigres pour le moment. La journaliste laissa échapper un soupir de soulagement quand les portes s’ouvrirent et elle bouscula un stagiaire quelconque avant que celui-ci n’ait pu sortir. Moins d’une minute plus tard, Harper giclait de l’ascenseur, ne faisant même plus peur aux habitués de la chaîne qui devaient la voir agir de la sorte au minimum cinq fois par jour. La routine, quoi ! Quant elle franchit les portes coulissantes de l’entrée, son caméraman freinait tout pile devant le trottoir. Un timing parfait pour une équipe de choc. Avec le sourire satisfait, Michelle monta du côté passager et donna une tape sur l’épaule de son coéquipier pour lui donner le départ. Celui-ci démarra en trombe et le duo s’engouffra dans la circulation, direction le Queens.

      « C’est quoi le topo ?
      - Terrorisme. On n’a pas d’infos pour le moment mais le FBI et le SWAT sont sur le coup.
      - Ce sera quoi le pire ? Les terroristes ou la bataille entre les deux forces d’intervention pour savoir qui commande ?
      - Un point pour toi. Tu n’as rien oublié ?
      - Pas d’inquiétude, Harper, j’ai tout ce qu’il faut.
      - Parfait. Maintenant, si tu pouvais aller plus vite… Tiens, t’as qu’à prendre la voie des bus. »


    Sur cette infraction au code la route, ils arrivèrent à l’aéroport sain et sauf tout d’abord mais surtout dans un temps tout à fait appréciable. Le caméraman se gara juste en face de l’entrée principale de l’aéroport, sur la voie réservée au « dépose-minute » et les deux journalistes sortirent de la voiture comme des diables d’une boîte. Michelle pénétra dans le vaste hall sans même vérifier que son coéquipier avait bien pris le matériel ou la suivait et se dirigea aussitôt vers le terminal où allait avoir lieu l’action. Avant de courir pour la énième fois de la journée, la journaliste vérifia qu’elle n’avait pas oublié sa carte de presse et la sortit de son sac pour se l’accrocher autour du cou. L’objet jurait avec ses vêtements d’une certaine classe mais tant pis. Une fois que son caméraman la rejoignit, ils s’élancèrent tout les deux, passèrent les premières barrières de sécurité en brandissant leurs cartes professionnelles et s’arrêtèrent ensuite derrière un large panel de journalistes agglutinés les uns sur les autres. Et merde ! Michelle lança un regard noir à son caméraman, signifiant sans équivoque un ‘c’est de ta faute’, agrémenté d’une tape rageuse dans l’abdomen. Une fois ses nerfs passés, elle rejoignit le troupeau d’affamés de l’information et reconnut parmi eux quelques uns de ses pires ennemis et... non, vraiment que des rivaux. Sauf deux ou trois qu’elle n’avait jamais vu.

    Son regard ne s’attarda pas plus longtemps et elle prit appui sur son coéquipier pour se hisser un peu et voir par-dessus ses pseudos-collègues. Elle voyait des flashs crépiter mais, en regardant ce qu’il y avait au-delà de la barrière, ce n’était pas très impressionnant. Des tas de bonhommes en uniformes, SWAT ou FBI selon les préférences, en train de discuter ou attendre. Bon. Au moins, ils n’avaient rien manqué de crucial. Michelle reposa ses talons sur le sol et s’approcha d’Andrew Finkel, un gars un peu grassouillet dont elle savait qu’il avait un petit béguin pour elle.


      « Alors, il se passe quoi ?
      - Euh… rien.
      - Comment ça, rien ?
      - Bah ouais, ils ont encore fait aucune déclaration mais… »


    Andrew fut coupé par l’intervention musclée d’un représentant des forces de l’ordre. Les journalistes s’agitaient, guettant avidement ce qui allait se passer. Certains ricanèrent en voyant leur collègue se faire maltraiter de la sorte tandis que d’autres prenaient des photos pour relancer la polémique sur les violences policières sur les journalistes, etc. Sujet que Michelle maîtrisait parfaitement. En tous cas, la jeune femme profita de l’agitation pour se frayer un chemin en pole position et eut la surprise de découvrir que le flic violent n’était autre que l’agent spécial O’Connel, qu’elle ne connaissait que trop bien. Sa déclaration, tandis qu’il repoussait le journaliste un peu trop audacieux derrière les barrières, la fit sourire. Un sourire de satisfaction.

      « Agent O’Connel ! On est préposé à l’encadrement des journalistes, maintenant ? »


    Il était assez amusant de voir un agent du FBI, aussi talentueux qu’il soit, à l’écart des tous ses coéquipiers et du groupe où les décisions semblaient être prises. Les relations entre les différentes agences gouvernementales et les groupes d’intervention n’étaient pas toujours évidentes, même pour des journalistes connaissant leur métier, mais la violence certaine de l’altercation entre O’Connel et le pauvre journaliste – un futur martyr – laissait croire à Michelle que l’homme avait peut-être été écarté momentanément. Mais pourquoi ?

      « Vous le prenez avec moi si je vous l’offre, ce café ? »


    Sous le regard ébahi ou dégoûté de certains de ses congénères, Michelle offrit son plus beau sourire à l’agent.
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyDim 13 Sep - 1:38

    En lançant un regard par-dessus son épaule, Ryan vit au regard neutre et pourtant froid de Zachary qu’il avait commis une erreur en agissant de la sorte. Soumis à une nouvelle impulsion de ses humeurs, l’agent spécial avait cédé à ses instincts plutôt qu’au protocole et quoi que l’intervention exercée sur ce journaliste avait tout de commode et de légale, il savait pertinemment que les conséquences de cet acte iraient beaucoup plus loin pour lui. A vrai dire, il s’en moquait éperdument, et ce fût ce que son partenaire put lire sur ses traits en un quart de seconde seulement. Des journalistes, Ryan en avait affrontés, il avait peut être même passé plus de temps à leur contact qu’à celui des criminels, et des procès pour brutalités policières, il en avait ramassés, rien n’avait jamais abouti. Au plus, il s’agissait d’une mauvaise publicité pour l’agence, mais qu’en avait à faire le FBI ? Chaque fois, il obtenait quelques remontrances de la part de ses supérieurs alors que, implicitement, ils approuvaient ses réactions quant à ces fouines, aussi abjectes que nécessaires. Le plus dérangeant dans ces affaires, c’était simplement le sentiment d’avoir commis un acte stupide pour peu de choses, de s’être laissé dominer par la colère plutôt que de prendre sur soi et de passer outre.

    Ce sentiment déjà si coutumier fût, en outre, décuplé par l’appel de son nom par une voix que trop familière. Se retournant du côté journalistique, Ryan trouva trop rapidement à son goût le regard de Michelle Harper, journaliste et emmerdeuse comme on en faisait que peu, tout un métier dans l’un comme l’autre de ces deux domaines. Le mécontentement acariâtre qu’il éprouva ne fût pas tant pour cette découverte que pour le propos ; c’était bien du Harper tout craché. Arrogante, provocatrice, malicieuse quelque part, et surtout très suffisante.
    Et alors qu’on aurait justement pu attendre que sa colère le domine totalement, ce fût lui qui la domina parfaitement.

    Au regard qu’elle arborait, Ryan ne mit pas longtemps à comprendre qu’elle avait d’ores et déjà cerné toute la motivation qu’il avait eue à agir avec autant de brutalité. Si brutalité il y avait vraiment eu. Mais Ryan devait tout de même admettre qu’il avait pris un plaisir certain à agir de la sorte et que, quelque part, cette seule action l’avait soulagé d’un trop plein de ressentiment. Parallèlement, savoir que Michelle avait cette avance sur lui ne le rendit que plus prompt à prendre sur lui et à ne plus rien laisser filtrer. Aussi méprisable pouvait-elle sembler être, Michelle Harper était surtout une journaliste talentueuse, surtout dans l’art du coup bas. Il n’était pas de bon ton de se montrer trop confiant ou juste trop conciliant.

      « Vous le prenez avec moi si je vous l’offre, ce café ? »

    Il ne fût même pas étonné de son audace. Contrairement à certains de ses collaborateurs - et rivaux - Ryan ne voyait plus depuis longtemps en Michelle une femme ayant de véritables principes. Elle savait ce qu’elle voulait et ne renonçait à aucun moyen pour l’obtenir. C’était aussi simple et terrible que cela. Alors autant dire que s’il ne s’était pas forcément attendu à une telle répartie, il n’aurait rien pu espérer d’autre de sa part. En revanche, Michelle ne s’attendait sûrement pas à celle de Ryan.

      « C’est moi qui offre. »

    Soulevant la bande de plastique marquant le périmètre établi par les forces d’intervention, il l’invita à passer de l’autre côté. Inutile de dire qu’il reçut plus d’un regard incompréhensif devant ce fait et que les photographies ne se firent que plus intenses. De ce côté-là, Ryan ne s’en souciait pas le moins du monde. En dehors d’une journaliste plus pragmatique que les autres, il n’y aurait rien à retirer de ce genre de faits ; on avait déjà vu des agents céder des faveurs pour des yeux bien moins jolis. En tous les cas, c’était clairement une façon de parler pour Ryan, qui n’envisageait pas tellement la situation sous l’œil d’une faveur. D’ailleurs, il arrêta le caméraman accompagnant Michelle d’une main et le força à peine à reculer. Il laissa finalement retomber la ligne de démarcation. En tournant les talons, il fût dans le dos de la journaliste et la conduisit bien plus en avant du cœur de l’action, principalement afin de n’être plus entendu que d’elle.

      « Alors, Harper, je t’ai connue plus offensive dans tes approches. Et ne rêve pas… on va aller le prendre ce café ; tu n’approcheras pas plus. »
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyDim 13 Sep - 18:30

    Michelle fut quelque peu déçue. Elle s’était attendue à une réplique de la part de Ryan, surtout après une remarque sur la relégation – temporaire ? – de l’agent du FBI au rang de simple agent de sécurité mais il fallait croire qu’elle avait mal jugé son homme. Sa vague déception se mua en surprise quand O’Connel accepta son invitation. Une moue signifiant ‘vraiment ?’ se dessina sur son visage jusqu’à ce que Ryan soulève le ruban. Un regain d’intérêt passa alors furtivement dans son regard et elle ne se fit pas prier pour passer par-dessous le périmètre de sécurité. En remettant en place sa veste, elle se tourna vers O’Connel, un nouveau sourire gravé sur les lèvres.

      « Quelle galanterie ! Je n’en attendais pas moins. »


    Bien évidemment, son caméraman ne fut pas autorisé à la suivre et il gratifia Michelle de cette expression qu’elle connaissait si bien : « pourquoi c’est toujours à toi que ça arrive ? » Et la journaliste haussa les épaules d’un air moqueur. Il manquait principalement à son coéquipier une paire de seins, bien qu’il possédât un sourire aussi charmeur que le sien et des fesses qui faisaient craquer les filles. Malheureusement pour lui, l’agent O’Connel avait une préférence pour le sexe féminin et notamment pour celui de Michelle… Tandis qu’O’Connel remettait en place le ruban, la journaliste repéra l’expression éberluée d’Andrew Finkel, entre de nombreuses autres de la part du parterre de journalistes. Elle lui répondit par un clin d’œil, faisant ainsi rougir le pauvre homme, qui ferma instantanément la bouche qu’il avait grande ouverte.

    Enfin, Ryan se tourna vers elle et elle-même tourna les talons pour avancer, guidée par l’agent du FBI. La journaliste en profita pour promener son regard partout dans le terminal et tenta de laisser traîner ses oreilles du côté du groupe d’hommes qui semblaient être de ceux à prendre les décisions. Malheureusement, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. D’autant plus qu’aucun des journalistes n’avait eu de semblant d’informations sur ce qui se passait réellement dans cet aéroport. Evidemment, la première idée de tous, 11 septembre oblige, était une prise d’otage. Il fallait dire aussi qu’il n’y avait pas énormément de possibilités avec un avion à terre. Tentant de faire travailler son ouïe pour se concentrer uniquement sur ce qui pouvait se dire chez les décideurs, Ryan lui revint cependant à l’esprit, mettant fin à ses tentatives d’en savoir plus.


      « Comme c’est dommage, moi qui rêvais d’assister à une vraie réunion de décideurs… »


    Les mains sur les hanches, elle fit la moue avant de se tourner vers O’Connel. Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, elle s’approcha de lui et enserra son bras, telle une amoureuse transie. Cela allait probablement le gêner, surtout devant tout un panel de représentants des forces de l’ordre mais, à dire vrai, Michelle n’en avait rien à faire. Enfin si, cela l’amuserait beaucoup que Ryan se montre ainsi ou qu’il essuie quelques moqueries de la part de ses coéquipiers. Elle plongea ses yeux dans les siens, le regard brillant.

      « Mais dis-moi, comment se fait-il qu’un agent aussi talentueux, aussi parfait que toi ne soit pas avec eux, en train de donner des ordres et sauver cet aéroport de la catastrophe ? »


    Michelle exagérait un petit peu, à tous les niveaux, mais elle était tout de même intéressée de savoir pour quelle raison Ryan s’était retrouvé à corriger un journaliste plutôt qu’à aboyer dans un talkie-walkie. Et puis, elle était d’humeur joueuse. Probablement parce que la moitié des journalistes de la ville étaient réunis quelques mètres plus loin et qu’ils pouvaient assister en direct à son petit jeu et, surtout, croire qu’elle allait obtenir des informations qu’ils n’auraient pas avant un petit moment. Si ce n’était pour le moment pas le cas, Michelle espérait bien obtenir ces fameuses informations. Non, rectification, elle les obtiendrait.
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyDim 13 Sep - 19:12

    Une vraie réunion de décideurs. La bonne blague ! Ryan ne préféra pas relever de peur de certifier les doutes que la journaliste devait déjà avoir, mais il n’empêchait qu’une lave lui remontait de l’estomac jusque dans la gorge. Il en aurait très volontiers déverser de l’acide sur ces pseudo « décideurs » et il aurait parfaitement tort de le faire. S’il était de bon ton d’utiliser la presse dans le milieu des crimes fédéraux, il ne fallait en aucun cas s’en servir pour régler des comptes. Surtout pas avec les intouchables du FBI. Ryan savait de qui il était le subordonné, il savait donc aussi et pourquoi il devait se plier aux ordres et pourquoi il faisait bien de prendre sur lui plutôt que de plaider sa cause. Tout n’aurait été que vain, car la juridiction primait et que tout n’était jamais que vain quand il s’agissait de contredire un ordre, direct comme indirect.

    La manière dont Michelle finit de s’approcher définitivement de lui le mit dans un état de malaise évident. Quoi que, son self-contrôle suffit très certainement à ne le faire remarquer que d’elle. Ce n’était pas tant de la gêne que ce sentiment d’être dégradé. Pourtant, il n’esquissa aucun mouvement de recul et la laissa continuer son petit manège mielleux dont il n’avait que faire. Michelle comme lui savaient qu’elle n’obtenait jamais rien de cette manière, donc ça n’était jamais qu’un petit jeu de provocation et d’humiliation auquel il ne fallait pas céder. Inutile.

    Portant le regard un peu plus loin, Ryan croisa le regard d’un des deux agents du secteur anti-terrorisme. Et dire qu’ils étaient aussi du FBI. Du FBI ! Pas de la CIA, pas de la police, pas des marshals, non ! Ils étaient tous de la même agence, et ils trouvaient tout de même moyen de le snober. Ryan qui avait toujours cherché à limiter ces petites querelles stupides entre services était tout bonnement dégoûté par ce genre de comportement. La coopération, il n’y avait que cela de vrai et quand il pensait au fait qu’il y a dix minutes seulement il tenait la situation en mains, avec à sa solde trois équipes en lesquelles il avait une parfaite confiance, il rageait tout bonnement. Autant on ne pouvait pas laisser à dix vigiles chargés d’arrêter les voleurs de sacs s’occuper d’une telle affaire, autant Ryan se considérait comme parfaitement entraîné et apte. En réalité, il était tellement en colère contre toutes ces directives stupides et arbitraires qu’il n’aurait trouvé aucune bonne raison à sa « relégation ».

    Ce fût Michelle qui le sortit immédiatement de ses pensées à grand renfort de son sarcasme décapant. Il la snoba un moment dans un sourire mauvais, comme un « Tu crois vraiment que ce sera suffisant pour m’agacer ? », pour finalement la tenir par le bras et l’éloigner tant des agents que des journalistes. Il l’entraîna jusqu’à une salle adjacente, servant de salle de repos aux différents vigiles désormais évacués. Vide, propre, le local était néanmoins aussi accueillant qu’une morgue ou une chambre de vieux garçons. Ryan ne cacha pas son dégoût.

      « Tu devrais te sentir à ton aise. Assieds-toi. »

    Refermant la porte derrière eux, Ryan ne considéra plus Michelle le temps qu’il parvienne jusqu’à la machine à café. Rien que l’odeur lui souleva le cœur. En réalité, il ne se souvenait pas n’avoir jamais aimé cela. Et cela ne faisait que confirmer l’évidence selon laquelle cette entrevue était tout sauf de la courtoisie de la part de l’agent spécial. Il fit néanmoins couler le liquide dans la tasse la plus aseptisée qu’il trouva, attrapa deux sachets de sucre, une « touillette » et revint vers la table. Il déposa le tout en face de la journaliste et s’installa seulement après.

      « J’adorerais te voir mourir d’une intoxication, mais, si j’étais toi, je ne boirais pas cela. »

    Il lui adressa son sourire le plus ironique, et, après avoir desserré les sangles de son gilet pare-balles et de sa ceinture retenant radio comme armes, il se massa la nuque. C’était décidemment une journée absolument désagréable et tout portait à croire que cela n’allait pas aller en s’arrangeant. En fait, Ryan savait même que les choses allaient empirer, mais tout ce qu’il souhaitait c’était d’être rappelé avant de ne plus pouvoir y faire quoi que ce soit. En attendant, il avait d’autres idées en tête.

      « On est pas du genre à se rendre des services, toi et moi, alors appelons ce qui va suivre un compromis. »
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyLun 14 Sep - 13:44

    S’il y a bien une chose que Michelle Harper détestait, après le chou-fleur, c’était d’être ignorée. Elle ne se gênait pas quand il s’agissait de snober quelqu’un de peu d’importance donc, à son sens, tout le monde, mais qu’on lui fasse ça à elle, elle ne le supportait pas. On ne lui manifestait que très rarement un manque d’attention. Habituée depuis très longtemps à être le centre d’intérêt de toute une famille, puis d’un lycée, d’une classe de journalisme, d’un homme (qui change régulièrement) et enfin d’une chaîne de télévision, elle appréciait très moyennement les rares cas où on lui témoignait si peu d’intérêt. Ainsi, son élan de joyeuseté s’estompa devant le sourire mauvais que lui servit Ryan et la pression qu’elle exerçait sur le bras de l’agent se relâcha. Elle n’avait désormais plus envie de rire. Heureusement pour lui, avant qu’elle n’ait pu faire quoi que ce soit, il lui attrapa le bras et l’entraîna derrière lui. La journaliste se laissa embarquer sans grand enthousiasme : ils quittaient le lieu de l’action, quand même ! Si jamais il se passait quelque chose, elle allait tout rater. Et elle l’aurait bien mauvaise d’être obligée de voir les images sur un écran de télévision alors qu’elle aurait pu vivre les événements en direct. Elle entra néanmoins dans la salle de repos en jetant un regard noir à Ryan quand il lui jeta son commentaire désagréable à la figure.

    Elle s’assit sur l’une des chaises inconfortables et observa la pièce. Malgré le dégoût apparent d’O’Connel pour l’endroit, la jeune femme ne vit pas en quoi la salle de repos était repoussante. Elle était simple, fonctionnelle et pas encombrée de saloperies en tout genre. En fait, ça ressemblait pas mal à son bureau, les piles de dossiers – ordonnés et rangés – en mois. Cela dit, ses murs étaient d’un bleu pâle, pour coller au reste de l’architecture du bâtiment. Mais peu importait la couleur des murs car elle commençait à en avoir ras le bol d’être dédaignée de la sorte.

    Les bras et les jambes croisés, Michelle attendit impatiemment que Ryan s’assoit en face d’elle. Le café ne la tentait pas du tout. Elle n’avait pas soif et ne buvait de café que le matin, lors de son petit déjeuner bien réglé. Si O’Connel n’avait pas ajouté sa petite remarque acerbe, elle n’aurait pas touché à la tasse. Mais par pur esprit de contradiction et parce qu’elle venait soudainement de retrouver le sourire, elle se saisit de la tasse et la porta à ses lèvres. Certes, le café n’était pas terrible et un chat avait probablement du y faire ses besoins, mais il n’était pas aussi mauvais que celui que faisait sa secrétaire lorsque, vraiment, Michelle avait besoin d’un café.

    La tasse entre ses mains, la journaliste observa l’agent du FBI. Son regard malsain suivit le manège des mains de Ryan tandis qu’il se mettait plus à son aise. Son esprit dérapa quelques secondes, lui rappelant d’autres moments en d’autres lieux, avant de se revenir à l’instant présent et sur les traits tirés de Ryan. S’il comptait se réjouir de la mort improbable de Michelle, celle-ci se réjouissait de voir l’agent dans un tel état. Elle se serait moquée de lui s’il n’avait pas pris la parole le premier.

    Un compromis ? Quand se mot était prononcé par un avocat ou un ex-mari, Michelle le détestait. Dans la bouche d’un agent du FBI, et en particulier de Ryan, cela sonnait différemment et avait une certaine tendance à lui plaire. Machinalement, la journaliste se passa la langue sur les lèvres, posa la tasse de café sur la table, instantanément oubliée dès qu’elle toucha le métal froid, et plongea son regard dans celui de Ryan.


      « Je t’écoute. »
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyLun 14 Sep - 14:42

    Qu’elle l’écoutait, Ryan n’en doutait pas une seconde. En bonne journaliste qu’elle prétendait être, quand il s’agissait d’obtenir quelque chose, Michelle ne manquait jamais d’attention, bien au contraire. Déjà qu’elle ne renonçait à aucune pratique pour parvenir à ses fins, alors autant dire que lorsqu’on lui présentait carrément la possibilité d’y parvenir sans même avoir à être machiavélique ou juste féminine, elle n’en était que plus aguerrie. Et c’était exactement cela, Michelle Harper, à la guerre comme à la guerre. Ou, pire, en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. Et difficile de dire si ce qui lui plaisait était la victoire ou le combat. En croisade contre le monde entier, l’on pouvait même admettre qu’elle était toujours attentive à ce qu’elle pouvait obtenir en dehors même du cercle professionnel. Cela dit, à y repenser, ce n’était pas tellement la question. N’est-ce pas, Ryan ?

      « Euh, hm… oui. »

    Ce fût à cet instant qu’il se rendit compte qu’il s’était évadé à cent lieues de leur conversation et qu’il la fixait obstinément sans plus de commentaire. Alors qu’elle l’écoutait toujours. L’agent spécial qu’il était eut un sourire idiot qui s’effaça très rapidement, comme un enfant encore tout fier de sa malice. En tous les cas, son sérieux n’en revint que plus vite, implacable.

      « Nous ne communiquerons rien à la presse avant que l’opération ne soit terminée. Ce que je peux te dire, pour le moment, c’est que ce sont les types de l’anti-terrorisme qui sont sur le coup. »

    Que de belles confidences, c’en était presque attendrissant. Et autant Ryan divulguait cela avec un naturel et un sérieux absolument digne de son job, autant cela ne lui ressemblait absolument pas de justement dire quoi que ce soit au sujet d’une intervention dont il avait dû, ou devait s’occuper. D’ailleurs, présentée sous cet angle, la situation avait des allures de règlements de compte. Ryan aurait-il été capable d’utiliser la presse pour se venger ? Pour réparer son petit ego entaché ? En vérité, il était capable d’un peu plus que cela par fierté, mais ce n’était définitivement pas ce qui l’amenait à parler « compromis » avec une rapace telle que Michelle Harper.

    Qu’est-ce qui pouvait bien amener Ryan à parler avec elle, d’ailleurs ? Les seules fois où ils s’entendaient, ce n’était pas les plus loquaces.

      « Prise d’otages. »

    Il continua de la dévisager le plus naturellement du monde. D’ailleurs, en dépits du fait que ce fût lui qui soit en train de parler, la scène avait tout d’un interrogatoire dans les règles de l’art de la part de l’agent spécial. Cela étant dit, Michelle n’avait, jusque-là, pas tellement à parler. Et tant mieux ! C’était définitivement ainsi que Ryan l’appréciait, quand elle n’ouvrait sa bouche que pour respirer, et encore, pas trop fort.
    Il semblait n’en avoir pas terminé de ses pseudo confessions, d’autant que le compromis n’avait toujours pas été présenté et restait un parfait mystère. Finalement, Ryan ménageait surtout son effet, ne voulant pas trop en donner trop vite. Il aurait été stupide et peu diplomatique de tout lui lancer sans mettre un frein. Surtout qu’il était presque certain que Michelle serait obligée de faire un effort pour ne pas poser plus de questions encore. Et l’idée de peut être pouvoir la frustrer de la sorte lui était plus qu’agréable, il devait le reconnaître.

      « Un ressortissant iranien a semblé suspect au service de sécurité de l’aéroport. Leur manque de réactivité et le refus de coopérer de l’individu a conduit celui-ci à prendre sept personnes en otage à bord de l’appareil. »

    C’est qu’il était crédible. Vraiment très crédible. Non, parce que c’était, en réalité, un complet euphémisme de la véritable situation, mais Michelle n’avait pas besoin de le savoir. Tout ce qu’il appartenait de faire maintenant, c’était de clairement définir le compromis qui allait les unir.

      « Ces informations sont exclusives et confidentielles, et j’ai donc deux conditions à te laisser ressortir. Primo, je ne veux pas un reportage officiel avant le pipeau de la conférence de presse qui devrait être donné dans… (il regarda sa montre) une heure et demi, deux heures. Secondo, tu ne mentionneras que le secteur d’anti-terrorisme. Uniquement. Ce sont deux conditions non négociables. Et tu vas sûrement me demander ce qui t’empêche de me dire que oui, tu le feras et de faire tout l’inverse ? Ce qui t’en empêche, ce serait cinq ans et demi pour diffamation. Dans une prison de ton choix… je te ferai parvenir les fascicules, si tu veux. »

    Son dernier sourire fût d’une ironie malsaine, mais il ne se sentait pas obligé de menacer Michelle par nécessité, mais davantage par jeu. Ryan savait ce qu’il se passait, et il n’y avait pas vingt mille entrées dans ce genre de faits couverts par les médias.
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyLun 14 Sep - 20:45

    Michelle pouffa. Il était si sérieux et inflexible quelques instants plus tôt qu’elle ne s’était pas attendue à le voir bégayer et sourire de manière si… imbécile. Elle n’avait pourtant rien dit ou fait qui puisse le déconcentrer ou le distraire. Du moins, pas encore. Que son charme naturel fasse son effet, certes, mais ce n’était vraiment pas le moment. Malgré cet intermède inattendu, elle ne le lâcha pas du regard et attendit qu’il retrouve son sérieux et son merveilleux rôle d’agent du FBI prêt à lui faire des confidences.

    La journaliste ne fut pas étonnée par le début. Déjà qu’ils ne communiquaient presque pas APRES la fin des opérations, il n’y avait aucune raison que ça se passe différemment. Ryan aurait pu lui épargner cette entrée en matière plus que clichée. Ce qui suivit, en revanche, l’intéressa bien plus. Tout d’abord parce que cela confirmait la rumeur qui avait suffisamment enflée pour que tous les journalistes de la ville se ruent sur l’aéroport. Ensuite parce que le fait que ce soit le secteur anti-terrorisme du FBI qui s’occupait de l’affaire expliquait ce qu’elle avait voulu savoir plus tôt et donnait la réponse à son pourquoi O’Connel faisait l’intendance auprès des journalistes. Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Michelle. C’était donc pour ça qu’il acceptait de traiter avec elle ? Par pure vengeance ? Elle savait que Ryan n’aimait pas perdre le contrôle d’une affaire qu’il suivait mais elle ne pensait pas qu’il pourrait s’abaisser de la sorte à cause d’une petite blessure à son égo. Cela dit, si ça pouvait servir ses intérêts à elle, Michelle n’allait pas s’en plaindre. Bien au contraire…

    Prise d’otages ? Alors là, c’était bien la dernière chose à laquelle elle avait pensé en pénétrant dans cet aéroport. Michelle soutint le regard de l’agent sans rien montrer, se demandant intérieurement si Ryan avait décidé de jouer les comiques. Non parce que, franchement, elle ne s’était doutée de rien. Une prise d’otages… O’Connel pouvait désormais continuer avec ses effets de suspens à deux sous, la journaliste était prête à attendre. D’ailleurs, elle profita de ce moment de flottement pour rapprocher sa chaise de la table et s’installer de manière plus confortable. Après quoi elle reporta son attention sur Ryan. S’il voulait jouer avec elle, il n’allait pas être déçu du voyage.

    Quand vinrent des explications plus poussées sur cette fameuse prise d’otages, Michelle oublia quelques instants l’idée de titiller Ryan. La nationalité du preneur d’otages ne suscita pas plus d’intérêt que ça dans l’œil de la journaliste. Il s’agissait presque d’un cliché à force. Si la jeune femme avait eu une certaine morale, elle aurait trouvé cela dérangeant. D’autant plus qu’elle avait déjà couvert plusieurs affaires où un homme avait été suspecté, voire condamné, juste parce qu’il se trouvait être d’une nationalité figurant sur la liste noire des américains et donc jugé forcément louche et dangereux. Mais il aurait pu être suédois que cela n’aurait rien changé pour elle. Hormis que, comme tous ses collègues, elle allait inconsciemment insister sur cette information et enfoncer toujours plus ses concitoyens dans la psychose. Elle allait tout simplement faire son boulot, en somme.

    Tout devint bien plus intéressant quand Ryan posa les conditions. Elle l’écoutait désormais avidement, cherchant déjà à savoir comment elle pourrait contourner les règles qu’il allait imposer. Michelle tiqua quand elle entendit « pipeau » et « conférence de presse » dans la même phrase. Certes, elle savait que le FBI, ou n’importe quelle autre organisation gouvernementale, n’étais pas du genre à donner la vérité à leurs honorables concitoyens mais entendre Ryan, agent du FBI de surcroit, lui confirmer ce que tout le monde pensait, c’était plutôt surprenant. La deuxième condition ne l’étonna, quant à elle, pas outre mesure. O’Connel ne serait ainsi pas mouillé et, en bonus, obtiendrait sa petite vengeance. C’était tout bénef’ pour lui. Michelle allait faire part de sa réponse mais l’agent n’avait visiblement pas terminé. Quand il lui servit son sourire ironique, elle opta pour une moue boudeuse.


      « Oooh, tu m’enverrais vraiment en prison ? Cinq ans, c’est long, je suis sûre que je te manquerais… »


    Sur cette provocation, elle se redressa, un sourire à nouveau fixé sur les lèvres. Elle n’allait pas lui laisser le temps de répliquer et, l’air soupçonneux, se pencha vers la table qui les séparait.

      « J’accepte les conditions. Mais si tu veux que je marche dans tes histoires de rancœur avec tes petits copains de l’anti-terrorisme, il va falloir m’en dire un peu plus que l’histoire de l’iranien qui n’avait pas sa tête des grands jours. Et il me faudra des preuves que ce que j’avancerais est vrai. Des images, par exemple… »


    Michelle Harper n’était pas dupe. D’autant plus que son expérience l’avait déjà confrontée à des affaires bien plus louches que celles-ci, auxquelles étaient mêlées une ou plusieurs agences gouvernementales. Sur une affaire qui avait fait grand bruit, elle avait réussi à obtenir des preuves que le FBI était impliqué dans un truc pas net et illégal. Mais ses preuves, et son informateur, disparurent avant que la journaliste n’ait pu finir son reportage. Ce qui, si elle l’avait diffusé tel quel, l’aurait complètement discréditée. Elle avait donc appris, au fil du temps, à s’assurer que tout ce qu’elle affirmait et diffusait était fondé et vrai. Un peu de broderie par-ci par-là était parfois ajouté mais il s’agissait plus souvent d’un désir de la chaîne pour laquelle elle travaillait que de sa volonté propre.
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyLun 14 Sep - 22:32

    Dans son métier comme dans sa vie, Ryan O’Connel n’était pas un homme de compromis. Toute son enfance, on lui avait donné raison d’agir de la sorte, en étant entier, en faisant tout ou en ne faisant rien, et même quand il s’agissait de ne rien faire, de le faire jusqu’au bout. Par expérience, il savait qu’à être neutre, suisse, il n’y avait aucune dignité sauvegardée et surtout aucune valeur acceptable. On ne pouvait pas être entre deux feux, il fallait faire des choix, il fallait les assumer. Voilà pourquoi la première personne avec laquelle Ryan n’avait jamais fait de compromis, c’était la vie. Alors il était inutile de dire que chaque fois qu’il devait mettre son orgueil et ses principes personnels de côté pour son devoir, pour la nécessité, il en ressentait un pincement au cœur, une légère culpabilité, comme de l’amertume, avant de s’y résigner. Il était nécessairement de faire des compromis, sur tous les plans, mais quelques fois seulement. Michelle, et la presse plus globalement, était de ces quelques fois.

    Quand il eut fini de lui exposer les rares conditions à ce susdit compromis, il sut qu’il avait d’ores et déjà suscité des instincts de réponse chez Michelle. Elle lui servit son dû avec une remarquable promptitude, et bien qu’elle ne lui donna pas l’occasion de répartir, Ryan lui aurait bien volontiers fait savoir que les visites conjugales étaient bien assez régulières et qu’elle aurait alors bien assez d’ex maris pour être contentée. Cinq longues années compris. Malheureusement - ou heureusement plutôt, elle ne lui offrit par le luxe de déverser le venin venu piquer le bout de sa langue. Et c’était encore mieux qu’il ne commence pas à s’échauffer l’esprit.

    L’avantage de la réponse que la journaliste lui donna fût que Ryan obtint la certitude de deux choses : d’abord, elle le croyait, ensuite, elle restait suffisamment intelligente pour ne pas se contenter de cela. Parce qu’autant certains journalistes pouvaient être encore plus diminués mentalement qu’une huître, autant leurs rédacteurs avaient besoin de garantie. Heureusement, le FBI, ce n’était pas qu’une formation physique, mais également des entraînements rigoureux sur le plan psychologique, notamment dans le domaine des interrogatoires poussés, et donc des faux aveux. Ce fût très naturellement qu’il eut la réponse à l’exigence pertinente de Michelle.

      « Je ne te parle pas de couvrir que l’intervention du FBI sur une prise d’otages, Michelle, je te parle aussi d’un problème de paranoïa des services de sécurité aéroportuaire américains. Même si ce type abattait ses huit otages, il ne serait toujours pas un terroriste… jusqu’à preuve du contraire. Le secteur qui intervient n’a donc rien à faire là. »

    En ayant desserré son gilet pare balles, Ryan put entrouvrir la veste de sa combinaison d’intervention et en extirper trois clichés qu‘il fit glisser jusqu‘à la journaliste. Les détails étaient là, rien n’y manquait et, plus que tout, ils étaient explicites. Le premier montrait un vigile chargé de la sécurité de l’aéroport en train de fouiller - intimement - le présumé preneur d’otage, le second la réponse de celui-ci à une telle humiliation, et le troisième était bien postérieur et décrivait minutieusement l’iranien n’émettant aucune menace directe sur les otages, bien au contraire.

      « Les deux premières photographies proviennent de la caméra de sécurité situé dans l’appareil et relié à la tour de contrôle. La troisième est du FBI, raison pour laquelle je ne peux pas te la donner. Mais c’est une garantie d’une chose… le secteur anti terroriste n’a rien à faire là. »

    Ryan n’était plus tellement dans son délire de frustration, peut être au contraire. En tous les cas, tout était clair et explicite comme il l’avait souhaité et le pire c’était que tous les clichés étaient véridiques et authentifiables. Pour la caméra de sécurité, c’était une affaire un peu plus houleuse qui ne concernait que la sécurité du territoire, et non la presse. Une fois qu’il eut terminé de présenter les choses telles qu’il voulait qu’elles soient, il ramassa le dernier cliché qu’il rangea d’où il l’avait sorti.

      « Je ne peux pas te laisser tourner ton petit film de scénario catastrophe pour le 20 heures ; ton abruti de caméraman devra se contenter d’être sur le qui-vive et après, ce sera à toi de jouer. Tu es journaliste, non ? Alors pose les bonnes questions, et tu auras des preuves de ce que j’avance. »
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MessageSujet: Re: Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs   Une journaliste vaut plus que deux emmerdeurs EmptyJeu 24 Sep - 18:30

    Les histoires de paranoïa, de conspirations et de complots en tous genres avaient tendance à lui courir sur le haricot. Certes, c’était très drôle et excitant de démêler des fils puis d’en relier d’autres pour arriver à faire tomber quelqu’un, embarrasser une multinationale ou un autre groupe quelconque, etc. Mais au bout d’un moment, le danger devenait plus important, sans compter toutes les implications dont Michelle et ses collègues n’avaient pas toujours conscience et qui menaient parfois à des problèmes plus graves encore. La complexité de certaines de ces affaires était effrayante et la recrudescence des crimes au sein du pays ne faisait qu’augmenter cette impression. Le travail des journalistes devenait ainsi de plus en plus difficile et risqué. Rien que dans la rédaction où Harper travaillait, près de trois heures chaque jour étaient consacrées à une réunion durant laquelle les informations étaient analysées et vérifiées dans les moindres détails pour éviter les faux scandales, la censure, les actions en justice ou les tentatives de meurtre — Michelle ayant tendance à être particulièrement concernée par cette dernière catégorie de risques. Ce travail quotidien l’énervait profondément et elle doutait toujours plus de disposer de la « liberté de la presse ».

    Ainsi, le discours que lui servait Ryan lui paraissait lointain jusqu’à ce qu’une information la fasse tiquer. Huit otages ? N’avait-il pas dit sept quelques instants plus tôt ? Elle fronça les sourcils tandis qu’il continuait. Terroriste ou pas terroriste, sa nationalité suffirait largement à le faire passer pour tel à tous ses concitoyens américains. Michelle s’apprêtait à répliquer quand O’Connel passa enfin aux choses sérieuses. Avant même que les photographies ne soient posées à plat devant elle, son attention s’était immédiatement concentrée sur ce que Ryan allait lui montrer. Quand il les lui présenta, la journaliste se pencha sur la table et observa les clichés tour à tour, essayant d’emmagasiner autant de détails que d’informations. D’autant plus qu’elle n’était pas certaine que l’agent du FBI la laisserait garder une ou la totalité des photographies. Ce qui poserait un problème. Mais il semblait que cette journée soit sous le signe de la chance. O’Connel acceptait de lui laisser les deux premières photographies, qu’elle aurait effectivement pu obtenir elle-même à un moment ou à un autre de son enquête journalistique. Quoique… si Ryan ne s’était pas trouvé là, elle serait probablement en train d’attendre la conférence de presse, dans l’ignorance, comme ses collègues…

    L’agent O’Connel rangea alors la seule photographie qui intéressait vraiment la journaliste. Celles de la fouille ne montraient rien d’exceptionnel mais elle s’en contenterait. Elle posa une main sur les clichés et les fit glisser vers elle, gardant un œil dessus tandis que Ryan continuait. Michelle releva la tête avec un air exagérément blessé. Elle était journaliste, pas réalisatrice de blockbusters hollywoodiens. Elle garda cette expression jusqu’à ce qu’il en ait terminé. Elle n’aimait pas beaucoup le ton suffisant avec lequel il s’exprima finalement mais préféra ne pas commenter. Une autre question l’obsédait. Surtout depuis qu’elle avait vu la troisième photographie, celle que Ryan avait soigneusement replacée sous son gilet pare-balles.


      « Tu sais bien que je ferais mon travail comme il se doit, comme d’habitude. » Clin d’œil. « Mais… j’ai une petite question… » Silence. Pas pour attendre un quelconque assentiment de la part de Ryan. Juste histoire de créer un petit suspens. « Enfin… peut-être ne pourras-tu pas me répondre. Vu que tu es là, avec moi, et non de l’autre côté de cette porte aux commandes de l’opération… Bref, tu vois ce que je veux dire. »


    Michelle garda son suspens avec un grand sourire. Cela n’avait aucune utilité et ne faisait que retarder le moment où elle sortirait de cette pièce pour retrouver le bourdonnement familier des journalistes affamés d’information, tels des drogués en manque. Mais la journaliste avait là une occasion de se moquer de l’agent du FBI et elle comptait bien en profiter quelques instants. Juste assez pour être contentée. Après quoi elle retrouva son sérieux et posa enfin sa question.

      « Comment se termine cette histoire ? »
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