Entraînements [Sam]

Cela fait plusieurs semaines que Samuel est entré à la Confrérie. Jeune et borné, il est malgré cela doté de plusieurs atouts pour devenir un bon tueur à gage. Il est vif et rapide, agile et méfiant envers les autres. Son seul défaut serait de ne pas prendre les choses au sérieux, du moins pas comme il le devrait. Fox entra dans une grande pièce du bâtiment central. Les murs étaient hauts, il était impossible de toucher le plafond, même à l’aide d’une échelle. Fox se souvient comme si c’était hier de son arrivée à la Confrérie. Abraham avait été là, pour elle, pour l’aider et la guider, peu de temps, certes mais suffisamment pour gagner la confiance de la tueuse. Mais entre Sam et Fox, les choses étaient différentes. La première fois, elle crut à une blague lorsqu’Abraham lui tendit la feuille blanche lui donnant toutes les informations nécessaires sur ce jeune homme. Une blague ? Oui, car au départ il n’en avait vraiment pas le profil. Mais si Abraham le recrutait, c’était qu’il en valait la peine, et que personne d’autre ne méritait sa place. Alors elle s’était exécutée. Elle l’avait suivit jusque dans une salle de cinéma et lui fit comprendre que sa place n’était pas parmi les bandes dessinés et les journaux. Elle se surprise à lui donner son ‘prénom’.

Revenons-en à nos moutons. Fox avait fait appeler la jeune recrue quelques minutes auparavant dans l’aile Ouest du bâtiment, plus précisément dans la salle de tirs. Cette grande salle, froide et terne, servait d’ordinaire aux entraînements physiques intensifs. Mais cela ne serait pas l’activité proposé par la tueuse aujourd’hui. Elle examina la salle des yeux, la tête haute et pleine de souvenir. Elle avait passée des heures ici, à courir, à crier, à se défouler le plus possible pour évacuer la rage qui était en elle. Elle n’avait que 19 ans lorsqu’elle entra ici, et ce fut la chose la plus importante dans sa vie.
La tueuse traversa la grande salle dans sa longueur et poussa une grande porte métallique avant d’arriver dans un couloir, puis une salle, plus petite et chaleureuse que la précédente. Fox se dirigea directement vers la grande armoire et sortit deux Pistolet 75 de 9 mm. Armes couramment utilisées ici. Elle les posa fermement sur une table large en bois, frappée par le temps et écorchée par endroit. Elle entendit de loin le bruit de pas de sa recrue et respira profondément avant d’appuyer sur un bouton à sa gauche. Une carcasse de vache glissa pour se stopper sept mètres devant elle.
« Allez, dépêches toi veux tu. »
Elle le regarda arriver et pouvait sentir à l’avance ses phrases. Il allait surement se plaindre, la contredire, et l’énerver, encore une fois. Mais il n’avait pas encore franchit les limites, et Fox savait être très persuasive avec lui quand il le faillait.

« Prends ça, et tire sur cette carcasse. Tu as la main trop tremblante, beaucoup trop hésitante. Tu dois t’entraîner. À moins que tu ne préfères finir comme elle. »

Fox montra le corps de l’animal du regard. Parfois c’était une vache, parfois un corps humain… il fallait apprendre toutes les possibilités, sur différents types de corps, de chairs, de matériaux. Et Samuel se montrait souvent réticent, même si au final, il se montrait obéissant.

Il arriva… enfin, cigarette au bec. Fox roula des yeux en le voyant arriver. Elle se dit qu’il avait changé, même s’il ne s’agissait que d’une carapace, depuis son arrivée à la Confrérie. Elle et Abraham l’avait suivit, à plusieurs reprises avant que la tueuse n’aille se ‘présenter’ à lui dans une salle de cinéma, et que son destin n’était pas ici, pas dans cette petite vie, à enchaîner boulot sur boulot. Il rêvait d’adrénaline, d’action, et bien il allait être servit.
Il arriva donc et jeta son mégot dans une poubelle située à l’angle du mur, derrière la table en bois et Fox. Elle le regarda les bras croisés, comme souvent.

Citation :

« Ce n'est pas en me menaçant que vous y arriverez, vous le savez, cette bête, c'est tout ce vous avez trouvé ? Je vais la déglinguer et on nous la servira ensuite au déjeuner ? Je pensais être là pour m'occuper d'humains pas de ce genre de... truc. »

Fox ne dit rien, elle se contenta de l’écouter. Comme à son habitude. Il était inutile de débattre avec lui, il valait mieux agir, et lui faire comprendre que son intérêt n’était pas d’avoir de la répartie. Certes, depuis peu, il en avait, et cela peut être un atout, mais il était beaucoup trop passif dans ses actions, dans sa façon de voir les choses, et cela Fox le savait. Elle ne pouvait le blâmer. Peu de tueurs sont différents au départ, peu d’entre eux comprennent la devise de la Confrérie du premier coup. Fox n’en faisait pas exception. Elle a elle aussi doutée, de nombreuses fois, mais forte heureusement pour elle, cette petite devise s’est vite ancrée dans sa tête. Aujourd’hui, c’est un code, le code de la Confrérie, la chose pour laquelle elle et les autres se battent, se détruisent un peu plus chaque jour.

Samuel prit le revolver, le pointa sur le cadavre de la vache et… tira, en loupant sa cible, enfin, l’endroit qu’il devait toucher. Fox soupira et d’une geste de main, lui fit baisser son arme, comme pour la reposer sur la table écorchée.

« La vache ne te plaît pas. Très bien, essayons avec ça. »

Dit-elle sur un ton plutôt enjoué, et un brin… moqueur. Elle appuya sur un autre bouton, qui fit disparaître la carcasse de la vache, et apparaître celle d’un homme. Oui, un être humain. Bien pratique pour les entraînements, cela aide à connaître l’impacte de votre arme sur un corps humain, votre cible. Fox savait que cela allait le répugner au fond. Devoir tirer sur un cadavre est une sensation étrange au début, un peu répugnante et parfois même ridicule. Au fond, on est un peu prit de compassion pour ce cadavre. Certains pourraient voir cela comme un manque de respect, d’autres un bon moyen d’apprendre les ‘bases’. Voyant l’air dépité de sa recrue, Fox dit :

« Maintenant tire, en pleine tête, dans le cœur, où tu veux, mais je veux que tu lui tire dessus, je ne veux pas qu’une seule balle passe à coté. C’est comprit ? »

Elle pouvait avoir un air froid et dur, mais au fond, elle n‘allait pas prendre cela à la légère. Autant plus tard elle sera moins dure, mais maintenant, l’heure n’était pas à la plaisanterie. Elle ne voulait pas voir sa recrue se faire plomber lors d’un contrat, elle devait l’entraîner à devenir le meilleur… enfin après elle bien sûr.

Fox entraînait Samuel depuis suffisamment longtemps pour connaître ses atouts et ses faiblesses. Malgré les nombreuses critiques qu’elle lui lançait (justifiées cela dit), elle sentait qu’il avait du potentiel en tant que tueur. Et puis Abraham ne l’aurait pas choisi sinon. Il y avait une raison à sa présence ici, et la tueuse ne comptait pas laisser sa recrue sur le banc de touche. Elle voulait qu’il évolue, qu’il trouve sa place et qu’il puisse suivre son chemin parmi eux, parmi la Confrérie, parmi cette organisation qui fait cela depuis bien trop longtemps pour s’en souvenir. Et aujourd’hui était un jour d’entrainement, comme tous les autres. Samuel l’exaspérait parfois dans sa façon de voir les choses. Il n’était pas encore prêt à accepter la devise de la Confrérie, pas prêt à la mettre en pratique, c’est ce qui le pénalise le plus. Fox tient énormément au code, pour elle, c’est ce qui lui permet de faire ce travail en ayant le lendemain la capacité d’oublier et de se regarder dans une glace sans avoir un haut le cœur, sans se trouver abominablement meurtrière.

Parce que oui, tuer c’est bien gentil, mais il ne faut pas oublier que dès votre première cible à terre, vous devenez officiellement un assassin, un ennemi, un danger pour les autres (selon eux, forcément). Mais après tout, si la Confrérie n’était pas là aujourd’hui, qui se chargerait de tuer ces hommes, encore pire qu’eux ? Qui le ferait ? La justice qui n’est bonne qu’à appliquer les lois quand bon lui semble, ou alors à fermer les yeux contre une enveloppe bien garnie. Si la Confrérie n’était pas là, de même que la Mafia, la Police et toutes les personnes s’occupant de faire justice, pour de bonnes ou mauvaises raisons, ça serait un foutu bordel.
Revenons-en à nos moutons. Samuel tira d’abord deux balles. En plein visage de l’homme qui était accroché à deux gros crochets. Elle eu un sourire en voyant qu’il avait visé juste. Une balle à chaque orbite. Elle le regarda lorsqu’il tira à nouveau cinq balles. Elle savait que Samuel n’était pas totalement pour certaine pratique de la Confrérie, notamment sur certains exercices. Après qu’il eu tiré ses balles, Fox lui fit baisser son arme et s’avança vvers lui.

« Bien. C’est nettement mieux. »

Elle sourit à nouveau. Pas d’un sourire débile ou complètement shooté. Un sourire discret mais qui éclairé radicalement son visage.

« Tu viens ‘d’abattre’ William Nicholas Stefenson. Trafiquant d’armes et de drogues, qui est responsable d’une quinzaine de crimes et délits, notamment sur des femmes et des enfants. »

Fox savait que ce genre d’informations aidait à faire passer la pilule. C’était toujours ‘mieux’ de se défouler sur un sale type, que sur un brave citoyen qui menait sa vie sans ennui et surtout sans faire de mal à autrui.