KEEP THE GUN
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 Maybe we're victims of fate ― Eleanor.

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Gabriel Saint-Criq
There's a dark cloud over me, and I can't shake it off.
Gabriel Saint-Criq


DATE D'INSCRIPTION : 06/09/2009
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MessageSujet: Maybe we're victims of fate ― Eleanor.   Maybe we're victims of fate ― Eleanor. EmptySam 19 Sep - 11:11



Tous les matins depuis trois mois, Louis s'éveillait et retrouvait son esprit tourmenté. Il vivait, marchait, courrait, mangeait, travaillait, tuait et même dormait avec ses angoisses incessantes, ses tourments personnels et sa vie de non-sens. Ses démons ne lui laissaient aucun repos, et si ses rêves étaient agités et pleins de messages cruellement évocateurs, rien n'était comparé au moment où il s'éveillait. Car quand les bras de Morphée l'emportait, il restait toutefois inconscient. Alors qu'à peine les paupières entre-ouvertes, il reprenait connaissance de son affreuse réalité, de sa réalité, à lui. Et cela lui faisait toujours terriblement mal. Il avait l'impression que chaque matin était une séance de torture incroyable. On l'éviscérait, on marquait chaque infime parcelle de son corps, on lui brisait ses os, on lui perçait ses organes... Mais il restait vivant. Comme si son corps avait refusé de mourir, d'en rester là, qu'il pensait que Louis avait encore des choses à accomplir parmi les mortels, et qu'il devait continuer à se lever chaque matin et à endurer ces milles-et-unes souffrances. Mais le pire moment de ces réveils journaliers était certainement l'instant où l'information ultime lui revenait en mémoire: Amy l'avait quitté. Alors, les rafales de souvenirs -s'impatientant à la porte de son esprit malmené- forçait le passage et s'introduisait à l'intérieur, brisant tout ce qui s'y trouvait déjà. Le poids des souvenirs les plus récents était trop fort, il écrasait alors tous les autres – tous les souvenirs heureux qu'il avait toujours accumulés. Et la débandade était là; Amy, le FBI, sa mission secrète, Gabriel, Amy, Amy Amy, Amy. Mais rien n'apaisait ce premier souvenir, cet énième abandon dans la vie du tendre Louis. Ses parents l'avaient abandonnés, et son âme soeur l'abandonnait à son tour. Enfin, il avait toujours trouvé de fort bon propos l'image qu'Amy et lui possédaient chacun une moitié d'âme et qu'ils n'étaient pleinement entiers et accomplis qu'ensemble. Il était plaisant de croire qu'ils ne se convenaient que tous les deux, qu'ils ne pouvaient etre heureux qu'ensemble. Mais cette idée semblait cruellement fausse aujourd'hui; elle devait voguer avec son nouvel amant sur une vague de bonheur immérité, d'euphorie et de lubricité incroyable.

Il aurait aimé lui cracher au visage tout le dégoût qu'elle lui avait inspiré, lui montrait à quel point il était détruit désormais, mais cela n'était pas possible. Parce qu'avant tout, il l'aimait plus que lui-même, il l'aimait plus que sa vie, et encore aujourd'hui, il aurait donné sa vie pour elle. Il aurait tout donné, tout détruit, tout achevé, pour qu'elle puisse continuer à être parmi ce monde. Parce qu'il considérait qu'aimer entièrement et profondément quelqu'un, c'était avant tout souhaiter son bonheur. Et il voulait plus que tout son bonheur, alors il n'avait pas jugé bon d'essayer de la faire culpabiliser, de la faire pleurer, regretter, s'excuser... Elle méritait beaucoup mieux. Elle méritait toutes les merveilles de ce monde, et plus encore. Et il ne lui infligerait pas le poids de son malheur. Jamais. Et c'était à cet instant précis où son moral matinal avait atteint les catacombes de l'enfer, qu'il avait cette unique et seule pensée agréable, cette idée agréable que quelqu'un lui restait. Que quelqu'un pouvait le rendre un peu plus heureux, le soulager de sa souffrance. Bien sûr, il ne l'aimait pas de l'amour dévorant dont il affublait Amy, mais il l'aimait tout de même. Et c'était en soi déjà un exploit incroyable. Et cette pensée réconfortante fut accompagnée d'une autre en ce matin-là: il allait la voir. Évidemment, ils avaient rendez-vous. Il était de plus en plus difficile à Gabriel de s'éclipser de ses occupations à la Genesys Company, les mensonges se faisaient de plus en plus abracadabrants. Mais heureusement pour lui, il était bon, dans le domaine du mensonge. Sinon, il serait déjà mort depuis longtemps. Le problème, c'était qu'il devait aussi bien mentir à son milieu d'infiltration qu'à son milieu d'origine, le FBI. Il devait arriver à dissimuler ces instants volés sur les comptes-rendus détaillés qu'il leur donnait chaque semaine. Il pensait toujours, avec une ironie douce-amère, qu'ils avaient mit cela en place car il était probable qu'il meurt du jour au lendemain, sans autre forme de procès. Ils prenaient leurs dispositions, et ils avaient raison. Il n'aurait pas voulu que tout ce travail d'immersion ne mène à rien parce qu'il était mort. Mais une question continuait de le tarauder, qui lui dirait à elle qu'il n'était plus ? Qui irait lui apprendre la nouvelle ? Elle était la dernière lumière de sa vie, et il ne voulait pas qu'elle puisse croire un jour qu'il l'avait abandonné.

Eleanor... Son nom était toujours doux à ses oreilles. Ils étaient profondément attachés l'un à l'autre, pourtant, jamais ils n'avaient osés aller plus loin. Ils s'embrassaient à l'occasion, brusquant leurs lèvres les unes contre les autres, jouant tour à tour de baisers tendres et discrets, et de baisers brûlants. Mais rien ne se passait jamais après. Pour la simple raison qu'ils étaient tous les deux bien trop détruits pour pouvoir aimer réellement quelqu'un d'autre. Ils étaient de ces blessés de l'Amour, devenus des handicapés. Ils se baladaient le cœur écorché, et ils avaient mal. Pourtant, ils avaient réussis à s'aimer. Même s'ils continuaient de s'étourdir avec des faux-semblants, de fausses croyances et de ridicules assurances, Louis aimait Eleanor. Elle n'aurait pu être que cette compatissante collègue qui avait prit soin de lui, mais elle avait fait sa propre place dans le cœur du jeune homme. Elle avait su faire diminuer sensiblement la peine de Louis, elle le guérissait en quelque sorte. Dès qu'il était avec elle, ses tourments disparaissaient les uns après les autres, pour laisser place au paisible, au calme, au salvateur et agréable bonheur un doux moment de présence, un répit dans sa vie semée d'embûches. Et le rythme de sa marche s'accélérait, ses semelles claquaient contre le pavé battu, il avait marché le plus normalement possible aussi longtemps qu'il l'avait pu. Mais il ne pouvait se cacher la vérité; il avait une envie si pressante de la revoir qu'il aurait pu courir jusqu'à elle. Mais il ne pouvait pas attirer les soupçons sur lui, comme sur elle, leurs rencontres étaient déjà dangereuses, pour sa carrière à elle, comme pour la sienne à lui -bien qu'il n'en ai réellement plus rien à foutre. L'avancement, la reconnaissance, le respect des supérieurs... Tout ça n'avait plus d'importance pour lui. Autrefois, il avait été ambitieux, hâtif à vouloir avancer dans la hiérarchie et plein d'idées astucieuses pour faire avancer les choses. Mais cela n'avait plus d'intérêt désormais. Il souhaitait juste accomplir le travail qu'on lui donnait.

Et il arriva – enfin. C'était lui qui avait choisi ce lieu de rendez-vous. Il avait toujours adoré le Grand Army Plaza. Il s'arrêta quand il arriva face à l'arc, il resta planté au beau milieu de la place, admirant ce monument vieillissant mais toujours si imposant. Grand, fier, sublime. Voilà comment il voulait être autrefois. Pour elle, pour eux, pour leur future famille. Et désormais... Désormais, il aurait voulu ne plus rien désirer, ne plus rien vouloir, pourtant il ne pouvait nier le fait qu'il voulait Eleanor, qu'il voulait pouvoir la serrer dans ses bras quand il le souhaitait, remettre une mèche de cheveux derrière son oreille alors qu'ils se promenaient dans les tréfonds de la ville, il voulait pouvoir l'embrasser à chaque instant, et plus que tout, il voulait la guérir à son tour, il voulait l'aider comme elle l'aidait toujours. Mais il ne savait pas s'y prendre. Il ne savait pas quoi faire. Et surtout, il était bien trop effrayé par ce que pouvait causer comme dégât d'aimer quelqu'un de manière si totale. Il aurait voulu pouvoir s'abandonner face à elle, lui révéler ses envies le plus secrètes, mais il n'y arrivait pas. Car quand il arrivait, qu'il voyait la si resplendissante femme qu'elle était, son caractère adorable, sa moue au coin des lèvres, son regard brillant, et sa gentillesse, son altruisme... Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aussi, un jour, elle l'abandonnerait. Pour un autre. Alors autant éviter la casse dès à présent, et rien se promettre. Simplement quémander une heure toutes les deux semaines, et survivre grâce à ça. Jusqu'à la prochaine rencontre. Il était faible, et il le savait. S'il avait été un vrai homme, il aurait tout de même essayé; il se serait dévoilé et aurait tenté l'aventure. Mais son incroyable misère sentimentale le bloquait, il se paralysait dès que l'idée de tout lui avouer, de s'épancher de ce qu'elle représentait désormais devenait une certitude inébranlable. Mais peu de choses dans son esprit avait le caractère d'inébranlable, et certainement pas son amour pour Eleanor. Il ne cessait d'en douter, quand il était seul, et remuait ses démons, dans un désir masochiste plutôt évident. Car, comme tous les faibles, il se tenait responsable du départ d'Amy.

Tant de non-dits, tant de faiblesses entre eux. Pourtant, dès qu'il l'apercevait, tout changeait. Il redevenait sûr de ce qu'il ressentait pour elle, et il rêvait de la prendre dans ses bras, et de l'étreindre, encore et encore. Cette rencontre, aujourd'hui, revêtait un caractère important puisqu'ils ne s'étaient pas vu, il y a deux semaines: elle avait annulé.

Et alors qu'il l'attendait, s'étant rapproché de l'arc un peu plus, il se retourna, la cherchant fébrilement du regard. Et elle était là. Belle et magique, souriante et confiante. Son cœur s'emballa.
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Eleanor Rowe
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MessageSujet: Re: Maybe we're victims of fate ― Eleanor.   Maybe we're victims of fate ― Eleanor. EmptySam 19 Sep - 20:49

La vie est composée de carrefours. De nombreux carrefours. La fatalité vous pousse d’un côté ou d’un autre et puis, advienne que pourra. Si vous deviez manquer votre embranchement initial, tant pis pour vous. Les retours en arrière n’étaient pas tolérés dans le monde réel. Une nouvelle philosophie était parvenue jusqu’à Eleanor au cours du temps. Etait-elle aussi perdue qu’elle le pensait ? Quatre heures du matin sonnaient lorsque l’agent Rowe termina son service. La fatigue l’abattait : l’un de ses supérieurs eut la gentillesse de la ramener chez elle. L’air frais et piquant ne semblait pas assez rigoureux pour donner à Elie pleine conscience du danger qu’elle pourrait rencontrer avant de rentrer chez elle. New York n’était plus une ville sûre. L’avait-elle déjà été ? Sur ces habiles questions, Elie poussa la porte d’entrée de son appartement et s’affala dans son lit sans même prendre le temps de se changer. Dormir était devenu la seule échappatoire qu’elle avait trouvée pour masquer la douleur irradiante de son cœur. Il semblait que les heures supplémentaires ne lui suffisaient plus. Le travail n’arrivait pas à la dérober de sa prison, bâtie principalement de défaites sentimentales. Et même dans le sommeil, Eleanor combattait d’horribles cauchemars qui se ressemblaient tous : seule, elle essuyait les affres de l’amour. Tout n’était pas que charnel. On se livrait entier à l’être aimé. On lui promettait fidélité et confiance pour qu’il rentre chaque soir à la maison, nous caresse dans l’espoir qu’il réussisse à effacer les frasques de la journée passée. Mais la fidélité était toujours oubliée, la confiance-trahie- partait pour être remplacée par un nombre intarissable de doutes : qu’avait-on fait de mal ? Pourquoi l’être que vous aimiez passionnément vous faisait inévitablement souffrir ?

A sept heures, Eleanor se réveilla en sursaut. Elle entendait encore les gémissements de Raphaël dans leur chambre mais ceux-ci n’étaient pas accompagnés des siens. Une autre femme portait sa nuisette et se payait une bonne partie de jambes en l’air avec son petit-copain. Le naturel revenant au galop, elle se souvenait qu’elle ne les avait pas interrompus, se faisant la plus discrète possible, tant la situation tragique devenait un leitmotiv pour elle. Il n’y avait pas plus banal que d’être trompée dans sa propre maison. Elle leur avait préparé un café et en les voyant revenir vers la cuisine, elle leur avait proposé un plan à trois. La douleur la rendait mauvaise. A trois, le plan consistait qu’ils déguerpissent tous les deux de sa vue et que ledit Raphaël fasse ses bagages, presto. Un gout âcre força Elie à se lever pour aller vomir le café qu’elle venait d’entamer après s’être éveillée. La situation était telle qu’elle n’arrivait même plus à supporter son propre comportement. Personne ne le pouvait. En se rinçant la bouche, Elie tomba nez-à-nez avec son reflet. Elle était affreuse. La condition humaine n’était qu’une prostituée qu’il fallait domptée et placée à son service. Son esprit tout entier forçait Elie à ne plus rien ressentir pour personne, désormais. Et cela se voyait dans ses yeux… C’est ici qu’intervient son histoire de carrefours. Plus d’une fois, elle avait ouvert ce même placard/miroir afin de contempler la montagne de comprimés qui s’offrait à sa vue. La vie valait-elle la peine d’être vécue ? Etant dérangée par divers souvenirs ou idées, Eleanor refermait sa pharmacie avec un goût âcre dans la bouche. Comme les autres fois, elle referma le placard miroitant et s’enfuit de la salle de bains à toute vitesse…

Lourdement, elle retrouva le chemin de sa cuisine. La peur la gagna. Allumant une cigarette avant de se resservir un café, Elie jugea bon de jeter un coup d’œil à son emploi du temps –minuscule et accroché à son frigo- tant l’impression d’avoir quelque chose à faire aujourd’hui la taraudait. Bien sûr, elle n’avait pas besoin de regarder ledit pense-bête pour se souvenir de la chose tant importante qui l’occuperait et l’égaillerait aujourd’hui. Elle avait même décidé d’intervertir son service de jour contre le service de nuit d’un de ses collègues pour avoir une totale liberté de sa journée. Et celle-ci se définissait par un nom, un seul : Louis. Gabriel. Louis. Elle ne savait plus trop où donner de la tête à vrai dire depuis qu’il l’avait rencontrée, une énième fois, inopinément, pour lui dire qu’il changeait de vie. A ce moment, Elie avait sentie ses jambes se dérober sous elle. Son esprit ne semblait pas comprendre que Louis puisse réellement disparaître. Disparaitrait-elle avec lui aussi ? Il l’avait soutenue et l’avait assise dans son canapé pour lui permettre de reprendre ses esprits. Puis, il était partit. Tout était question de sécurité, dés lors. Ce furent les seules paroles qu’il n’avait cessé de lui prononcer ce soir-là, comme un marchand de tapis viendrait sonner à votre porte pour vous vendre une ‘superbe tapisserie pour sol’. Peut-être craignait-il qu’elle enrage lors de leur entrevue ? Elle l’aurait certainement fait si elle n’avait pas perçu au fond de son regard la dernière lueur de vie s’éteindre, petit à petit. Comme un signal d’alarme. Et elle l’avait embrassé. Doucement d’abord. Comme si le contact de leurs lèvres la brulait à chaque fois qu’ils se permettaient ce genre « d’extra ». Puis, plus violemment, passionnément. Pour la première fois depuis des mois, elle ne voulait pas laisser un homme s’enfuir. Elle l’avait serrée contre elle avec force, pressé jusqu’à étouffement, craignant que les soubresauts de ses pleurs l’enverraient loin d’elle. Ce n’était pas de la sécurité. Mais de la peur.

‘Peur de quoi’ furent les seuls mots qui trouvaient le seul cheminement logique possibe. Peur de le perdre, cet homme qui avait réussi à gagner sa confiance sans coucher avec elle, sans lui promettre de lui décrocher une quelconque étoile en guise de cadeau pour leur prochain rendez-vous ? Il était vrai, elle le trouvait pur. Il avait ses mystères, certes. Il était du FBI, double certes –rappelons qu’elle ne portait pas cette agence gouvernementale dans son cœur. Mais il avait su la conquérir. Et elle l’aimait bien. Elle l’aimait peut-être tout court. Elle ne pouvait pas le perdre. Mais d’un autre côté, elle ne voulait pas commencer une nouvelle idylle. L’amour des premiers jours, véritable et passionné, s’amenuiserait certainement avec le temps. Et puis, peut-être partirait-il pour une autre, comme les autres. Ou décréterait qu’il a fait une erreur. Comme les autres. Il s’agissait de Louis. S’il agissait comme les autres, alors, la réponse serait sans équivoque : la vie ne valait pas d’être vécue si un être cher s’en va. Et elle n’avait pas encore pensé à l’hypothèse qu’il risquait sa vie avec cette immersion. Si elle commençait à s’en faire, elle tomberait vite dans la paranoïa.

Il était neuf heures lorsqu’Elie sortit de sa léthargie. Ses yeux, perdus dans le vide, fixaient l’horloge avec sérieux. Aujourd’hui, elle avait rendez-vous avec Gabriel. Devait-elle y aller ? Elle avait déjà annulé, deux semaines auparavant. Je vous laisse deviner le pourquoi, vu le profil psychologique précédemment fourni. Passant ses paumes sur son visage, Eleanor fit l’inventaire de sa courte nuit : des valises grosses comme des maisons marquaient son visage. L’inventaire s’arrêtait là. Elle était affreuse. Et puis, alors qu’elle reprenait le chemin de son lit, son cœur se mit à battre un peu plus vite. Le sourire de Gabriel apparut devant elle et la força à arrêter sa marche. Elle le savait tout aussi détruit qu’elle. Il lui manquait… Ni une ni deux, elle ouvrit les portes de sa petite et désordonnée penderie. Il lui faudrait beaucoup de temps pour cacher les affres de la désastreuse nuit qu’elle venait de passer.

Une heure et demie plus tard, elle atteignait enfin Brooklyn. Elle jeta un dernier regard à son reflet après avoir garer son automobile et soupira. Un stress la prenait à la gorge. Telle une écolière pour son premier rendez-vous amoureux est la parfaite définition de la peur qu’elle ressentait. Allait-elle voir un peu plus de tristesse dans son regard ? D’un geste brusque, elle referma le miroir rétractable et sortie de la voiture avec détermination. Hors de question de diagnostiquer de la tristesse dans son regard ! En foulant le sol du Grand Army Plaza –GAP comme elle aimait l’appeler- Elie se mit à balayer du regard l’endroit et à sonder les moindres personnes qui se trouvaient là. N’apercevant pas Gabriel, elle jeta un coup d’œil à sa montre : avait-elle du retard et il était parti, pensant qu’elle l’éconduisait une nouvelle fois et cette fois, en lui posant un lapin ? Elle surprit la peur qui la gagnait et, lorsqu’elle aperçut enfin la carrure de l’homme qu’elle appréciait, son visage s’illumina. Finalement, elle avait bien fait de venir à ce rendez-vous…

Il était là. A dix mètres. Ses pas redoublèrent. Huit mètres. Elle n’y arrivait plus. L’impatience frappait ardemment les parois de sa cage thoracique et elle se força à courir. Bien sûr, d’une façon peu assurée, portant rarement des talons aiguilles, elle avançait à une vitesse proche de la marche rapide plus que du pas de course. Et dieu seul savait à quelle vitesse elle pouvait filer lorsque les courses poursuites contre les ‘bandits’ se finissaient à pieds. Deux mètres. Elle ouvrit grand les bras et lui sauta dessus. L’équilibre précaire, elle ne réussit à entourer ses jambes autour de celles de Gabriel que quelques secondes avant de reposer le pied sur la terre ferme. Elle ne desserra pas pour autant son emprise. Son nez humant l’odeur de Gabriel, comme si le moindre de ses sens voulait vérifier sa présence, elle lui murmura un simple
« Tu m’as manqué ». Je t’aime avait disparu de son vocabulaire depuis longtemps…
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MessageSujet: Re: Maybe we're victims of fate ― Eleanor.   Maybe we're victims of fate ― Eleanor. EmptyLun 12 Oct - 12:39





Telle l’unique lumière du monde, elle avança à lui, lui communiquant à chaque pas un peu plus de son éclat. Un faible sourire apparu sur les lèvres de Gabriel. Il n’arrivait plus à exprimer sa joie, il n’arrivait plus à être pleinement et amplement heureux. Pas assez pour que ses sourires soient d’une joie éblouissante. Pourtant, s’il l’avait pu, cela aurait été elle, qui lui aurait arraché un tel sourire. Si belle. Si proche de la perfection… Son cœur valsait dans sa poitrine, prenant pour punching-ball les parois internes de ses poumons essoufflés. Il ne pouvait cependant pas détacher son regard de son être. Elle avait beau posséder l’aura qui avait fait à nouveau chavirer son cœur, il ne pouvait pas l’aimer, il ne voulait pas. Il ne voulait pas que son cœur s’emballe ainsi, il ne voulait pas être vulnérable, faible… trahi, à nouveau. Il ne voulait pas courir à perdre haleine, lui tenant la main, il ne voulait plus bifurquer, et se retrouver dans une impasse. Et qu’elle est disparue. Lâcher sa main, et laissé seul, seul face à un mur. Cette situation ne pouvait plus se reproduire. Il ne pouvait plus désormais souffrir autant, il ne le supporterait pas. Il ne pourrait pas vivre avec une entaille de plus en son cœur. Il en avait déjà une bien trop béante, bien trop malade. Il refusait de réitérer. Il se le refusait. Mais il n’avait pas réussi à éviter l’inévitable – il n’était qu’un homme, et il avait à nouveau ouvert son cœur. Une infime, une minuscule, un microscopique pan, mais il l’avait fait. Et désormais Eleanor ne cessait de gagner du terrain. Encore et toujours. Et cela lui faisait du mal, autant que cela lui faisait du bien. Paradoxale. Il avait mal de tenir tant à elle, de ne pouvoir ralentir les battements de son cœur, de ne pouvoir arrêter de penser à elle, de ne pouvoir nier le fait qu’il jalousait chacun de ses collègues qui pouvaient la voir tous les jours, qui pouvaient la toucher tous les jours, qui pouvaient simplement lui parler sans risquer de mettre à mal un travail de couverture si difficile à établir. Et il se sentait si bien dès qu’il la voyait, dès qu’elle était près de lui, dès qu’elle était avec lui. Il ne pouvait empêcher cette vague d’engloutir tout son être, et de le faire se sentir si… bien. Apaisé.

De plus, il savait – au fond de lui – qu’Amy était toujours présente en son cœur, qu’il l’aimait encore. Que –chaque soir- avant de s’endormir, il fermait les yeux et se rappeler tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble… Heureux. Contre sa volonté, il ressassait les innombrables sorties au restaurant, au cinéma, en bar, en boite de nuit… Leur évolution, combien ils avaient grandi côte à côte, de lycéens immatures et idiots, à de grandes personnes. Mais n’était-il pas plus heureux avant ? Avant de la connaître et de tomber amoureux pour la vraie première fois de sa vie ? Non. Jamais. Il avait été plus heureux et plus malheureux que jamais avec elle. Et aujourd’hui tout était fini. La douleur de chacun de ces souvenirs d’une vie commune prolongée à sept années, lui coupait toujours un peu le souffle, arrêtait de faire battre son cœur, comme si son corps tentait de mourir seul. Sans l’accord de son cerveau. Les soirs les plus difficiles, où il avait le besoin malsain de faire défiler tout cela en son esprit déjà si tourmenté, il poussait le vice jusqu’à se rappeler sa demande en fiançailles. Il était si sûr de lui ! Si sûr de leur bonheur ! Si sûr qu’ils étaient fait l’un pour l’autre ! Il éclatait d’un rire dément, parfois, à ces pensées. Il avait été stupide, si stupide. Si… amoureux ? Et il se complaisait à se repaître de son sentiment de culpabilité, qu’il avait fait quelque chose de mal, que c’était lui-même qui avait poussé celle qu’il aimait dans les bras d’un autre. Et son moral subissait une dégringolade incroyable, rechutant jusqu’aux limbes de l’enfer. Pourtant, malgré toutes ces tortures nocturnes, il avait toujours sa guérison partielle au matin. Car, si le moment où il fermait les yeux était plein de son passé désastreux et éprouvant, chacun de ses réveils était un rappel qu’une personne existait, le regard de Gabriel était troublé par l’apparition du visage de celle qui arrivait à lui en cet instant; Eleanor. Elle représentait son espoir, et elle lui donnait la force de s’éveiller, et de se lever, d’entamer une nouvelle journée dans les antres du Mal, en œuvrant pour le bien, paradoxale.

Elle enserra ses bras autour de lui, puis ses jambes. Il la laissa enfouir son visage dans son cou, sentir son odeur devenue désormais familière. Il posa ses propres mains sur chacune des omoplates opposées d’Eleanor, croisant ainsi ses bras autour de son buste. Il laissa sa main doucement caresser ce dos, qu’il chérissait et qui lui avait tant manqué. Il n’était pas habitué à tant de familiarité, elle semblait s’être désinhibé, s’être offerte un peu plus que d’habitude, aujourd’hui. Jamais elle ne lui sautait dans les bras, en temps normal. Il était surpris, mais heureux, et tellement soulagé. Elle était désormais là, nichée dans ses bras, collée à son torse bouillant… et son cœur battait toujours la chamade dans un rythme des plus rapides. Il releva son regard vers son visage, tenant de percer si elle sentait ce cœur qui cognait en lui. En vain. Il entendit alors distinctement les quatre mots qu’elle prononça et qui eurent pour conséquence que son cœur fit un salto inattendu. « Tu m’as manqué ». « Tu m’as manqué aussi… J’ai beaucoup pensé à toi, j’avais envie de te voir… Mais ma situation est risquée, et je n’en peux plus. Risquer ma vie tous les jours, chacun de mes mots pourrait me trahir, chacun de mes actes pourrait me faire tuer… Je n’en peux plus. Je voudrais arrêter, je voudrais être au calme, mais ce n’est pas possible. J’ai si peur de ce qui pourrait m’arriver, une fois que j’aurais reprit une vie normale, calme et paisible… J’ai peur, très peur. » Voilà ce qu’il aurait aimé lui dire, il aurait aimé tout lui raconter, ses peurs, ses faiblesses, ses lâchetés. Mais le problème était bien qu’il était lâche et n’osait pas. Il préférait gardé ses ordures pour lui, et les cacher de sa vue, surtout qu’elle ne les voit jamais… Trop risqué, elle pourrait s’enfuir. Il préfère en rester là.

Soudain, il met fin à leur étreinte. Il fait glisser ses mains jusqu’à ses épaules à elle, et les laisse poser ainsi. Paumes contre épaules. Il a les bras tendus, il la tient assez loin, histoire de reprendre ses esprits. Et là, la question, fulgurante, inquisitrice, doit sortir. Il veut savoir, il veut comprendre. Il a peur, mais pour une fois, sa lâcheté ne prend pas le dessus. Il est prêt à affronter la vérité, quelle qu’elle soit – ou presque. Il est prêt au pire, il est prêt à ce qu’elle lui dise qu’elle voit un autre homme, qu’elle est heureuse, et était avec lui, voilà pourquoi. Il est faible, il est cassé, il est prêt au pire. Les blessés sont toujours préparés au pire, ils croient que plus rien ne les atteindra, qu’ils ont déjà tout vécu, tout subis, et sont déjà brisé à l’extrême. Mais ils ont tord. Cela peut toujours être pire. Il planta alors son regard dans le sien, la tenant toujours, bras tendu, à quelques centimètres de lui. Il a besoin de cette distance, sinon, il ne pourrait plus réfléchir. Il n’oserait pas poser cette question. Et même, leurs corps ainsi distanciés, il n’arrive pas à la poser. Son regard est plongé dans le sien, bleu azur, si beau, si magnétique, si envoûtant. Mais il le faut. Il quitte ses yeux du regard, regarde sur sa gauche. Une petite trottine gentiment vers sa maman. Il la regarde encore quelques instants, et semble particulièrement s’intéresser à son sourire éclatant. Elle quitte son champ de vision, et il reste à fixer les pavés. Comme un pauvre con.

« Pourquoi tu n’es pas venu… La dernière fois ? »

Il a envie de rajouter « J’avais tant besoin de te voir… » Mais il s’abstient. Il s’abstient toujours de lui révéler l’ampleur de ce qu’elle représente. Il croit qu’ainsi il se protège, mais il n’a pas encore compris qu’il est déjà complètement foutu. Plongé dans les emmerdes. C’est fini, game over. Il ne s’en sortira pas sans dommages collatéraux cette fois encore. Parce que comme un con, il s’est encore attaché. Comme un connard d’arriviste débutant. Et il s’en veut, et il n’ose toujours pas la regarder dans les yeux. Il a peur, terriblement peur. De la réponse. Qui tarde à arriver. Il ne sait plus s’il la veut vraiment, sa raison.
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