Now , I'm Nothing { FREE }

Parce qu’il y a des jours où parfois, on se dit qu’on aurait mieux fait de ne pas naître. Parce qu’il y a des jours où on voudrait rentrer dans le plancher et ainsi disparaître et oublier la réalité. Parce que parfois, on a l’impression de n’avoir fait que du mal autour de nous. Parce que parfois, on voudrait disparaître de la vie de certaines personnes pour qu’elles puissent être heureuses. Parce qu’on s’en veut d’avoir complètement bousillé la vie des personnes qui nous tenait à cœur. Alors parfois, on se dit que disparaître aurait été la solution. Parfois, on croit que s’effacer de la vie des autres arrangerait la solution. Pour eux. Parce qu’eux, au moins, réussiraient ainsi à être heureux sans nous. Ils pourraient vivre leur vie comme ils l’entendent. Ils pourraient être bien, tout simplement. Cette simple pensée la fit sourire. Car oui, nous parlons bien d’une fille en ce moment. D’une jeune femme qui, involontairement, a complètement détruit la vie de l’homme qu’elle aime. Surtout que maintenant.. Elle ignore où il se trouve. Il a disparu dans la nature, la laissant seule (ou plutôt, croyant la laisser entre d’autres mains). Elle est maintenant certaine qu’ils souffrent tous les deux, chacun dans leur coin. Et elle ne peut pas savoir où il est rendu.. Peut-être est-il en Australie, marié à une jolie Australienne. Pourquoi pas? Il pouvait être absolument n’importe où, à faire n’importe quoi. Pourquoi pourrait-elle lui en vouloir? Elle qui l’avait si lâchement abandonné.. Comment pouvait-elle penser qu’il resterait là à l’attendre et qu’il tournerait la page? C’était impossible, ou plutôt totalement compréhensible. Ils étaient tellement attachés l’un à l’autre.. Tout laissait à penser qu’il ne s’en était pas remit. Elle non plus. Le geste qu’elle avait posé était tellement horrible et ce n’est que maintenant qu’elle le comprenait intrinsèquement, qu’elle comprenait à quel point elle avait été stupide de penser que Maxwell pouvait lui apporter mieux. Elle ne se le pardonnerait jamais et si elle revoyait Louis, lui non plus. Ce qui évidemment la rendait encore plus coupable.

La culpabilité la ronge depuis que Maxwell lui a fait comprendre qu’il ne souhaitait rien de sérieux avec elle. Et lorsqu’elle avait voulu se retourner vers Louis.. Il avait tout simplement disparu. C’est là qu’elle avait comprit son erreur. C’est à ce moment-là qu’elle prit conscience de tout ça. L’amour et les sentiments n’étaient pas un jeu. Elle n’avait pas le droit de jouer avec les sentiments de Louis, c’était cruel : Maxwell, pour sa part, n’avait pas plus le droit de jouer avec les siens. Les sentiments, c’était sacré. C’était aussi sacré qu’une vache en Inde. C’était aussi sacré que le temple de la déesse Athéna en Grèce. Aussi sacré que l’église l’était à l’époque. Aussi sacré que les offrandes aux dieux lorsqu’absolument tout le monde était convaincu qu’ils existaient, qu’il y en avait un pour chaque chose de la vie. Les sentiments sont une partie intégrante de nous. De notre vie. Sans eux, nous serions des carcasses vides. Vides de sens, vides d’émotion. Vides, tout simplement. Plus rien n’aurait de sens dans notre vie. Plus rien n’aurait d’importance. On ne pourrait pas brûler d’amour pour ceux qu’on aime. On ne pourrait pas s’inquiéter pour ceux qu’on apprécie car ils sont un tantinet en retard. On ne pourrait pas éprouver les plus beaux sentiments qui soient. C’est là qu’on se rend compte qu’entre éprouver la peur et ne rien éprouver du tout, on peut peut-être vivre avec cette dernière sans que ce soit un drame. Éprouver des sentiments, ça fait parti de notre quotidien. Ça faisait partie de nous et, quoique l’on puisse dire, nous ne pouvions pas nous en passez. Et l’ivresse du premier amour? Les papillons dans le ventre lors du premier rendez-vous? Les joues rouges lorsqu’il vous complimente? Nous ne pouvions pas perdre tout ça. C’était horrible, c’était ignoble. Les sentiments étaient importants et nous devions y faire ‘attention’. Jouer avec comme le faisait les charmeurs était plutôt dévastateur.

Alors pourquoi? Pourquoi personne ne se faisait cette réflexion-là? Pourquoi personne n’y pensait, ne serait-ce qu’un instant? Pourtant les histoires de cœur étaient toujours aussi dévastatrices? Pourquoi les Dom Juan ne se rendaient-ils pas compte du mal qu’ils répandaient autour d’eux? Pourquoi les filles tombaient toujours dans le panneau? Ça, c’était une bonne question. Pourquoi, alors? Ils ne sont peut-être plus beaux que les autres. Ils savent parler aux filles. Ils seront gentleman, généralement. S’ils se ressemble tous, ces briseurs de cœur, peut-être pourrions-nous apprendre à les reconnaître et ainsi se protéger.. Ainsi arrêter de souffrir. Mais ce qu’il est bien de penser qu’un homme, n’importe lequel, peut avoir de l’attention pour nous! Qu’est-ce qu’il est flattant pour l’ego de se faire draguer par plusieurs types différents. Qu’est-ce que c’est destructeur pour une relation, par contre.. Qu’aurait-elle donné pour que tout redevienne comme avant? Pourquoi ce n’était qu’après qu’elle comprenait à quel point elle avait besoin de Louis dans sa vie? Pourquoi? Elle n’en savait rien et n’en saurait jamais rien. Car elle ne pouvait pas le revoir. Il s’arrangerait sûrement pour l’éviter. Après ce qu’elle a fait, c’était compréhensible. Et le savoir dans d’autres bras.. C’était une sensation horripilante. C’était affreux, totalement. Elle se le demanderait toute sa vie et culpabiliserait également toute cette dernière : pourquoi avait-elle voulu changer alors qu’il la comblait parfaitement? Elle s’en voulait et Amy était bien consciente que cette sensation était bien loin de s’éteindre. C’est pourquoi elle était allée se réfugier dans la chapelle, son endroit à elle ces temps-ci. Plutôt en mauvais état, elle allait plus dans la remise, ou personne n’allait. Et là, elle ressassait ses idées noires et se repassait des souvenirs heureux dans la tête. Des moments révolus, quoi. Puis elle sentait les larmes rouler lentement sur ses joues et tomber par terre en douceur. Elle ne s’en privait pas. Tous pensaient que la remise de la chapelle était condamnée. Faux. La preuve? Elle y était. Posant la tête contre une boîte en bois poussiéreuse, elle ferma les yeux et prit son visage entre ses mains. Ce sentiment ne solitude n’était pas prêt de s’en aller..