Devil in your eyes [FT. Lester]

Devil in your eyes [FT. Lester] Castia-clivestills005

Foley venait enfin d’apposer sa signature en bas du rapport d’un de ses agents, et termina par cette action sa longue et chiante journée de merde. Le poste de Directeur apportait certes plein d’avantages (notamment financiers), mais surtout par mal d’inconvénients bureaucratiques et administratifs. Et pour la première fois depuis quelques semaines, Lester terminait et sortait du bureau à l’heure. Il faut dire qu’il avait une excellente. Et cette raison se présentait sous les traits de la délicieuse Robyn Chazzer. Cela faisait désormais quelques semaines qu’ils « sortaient » ensemble. Et ils s’étaient donnés rendez-vous le soir même dans l’un des hôtels les plus luxueux de New-York.

Les deux amants s’étaient rencontrés dans le plus grand des hasards il y a un presque deux mois, au comptoir d’un pub. Et d’ailleurs, Lester s’était toujours demandé pourquoi y avait-elle mis les pieds, elle qui semblait avoir un penchant certain pour le luxe et l’argent. Toujours est-il qu’ils ont passé ce soir là une nuit absolument formidable. Et le fait qu’elle ait été formidable les a poussé à se revoir une autre fois. Encore et encore. Depuis son mariage raté avec Michelle, Lester avait « peur » de s’engager sentimentalement dans une relation quelconque. Il préférait largement les relations d’une nuit. Pourtant, au plus profond de lui, l’agent du FBI s’était attaché à la jolie blonde, même s’il voulait se persuader du contraire. Et le fait qu’ils ne connaissaient quasiment rien de l’autre semblait lui convenir, rejoignant sa mentalité et son état d’esprit. Toujours est-il que même s’il voulait se persuader du contraire, Lester aimerait bien aller un peu plus loin avec Robyn. Quitte à faire des concessions.

Fait surprenant, et qui l’étonnait complètement alors qu’il ne pensait rien ressentir envers la tueuse, Foley se surprit à faire un crochet en revenant du boulot. En effet, avant de rentrer chez lui pour se changer, prendre une bonne douche et s’occuper de donner à manger et de sortir Gary, Lester était passé chez Tiffany’s, la célèbre ligne de bijouterie, afin d’aller acheter un cadeau pour Robyn, souhaitant la remercier pour la soirée. Certes si Foley payait toutefois l’addition, il n’avait suffisamment pas de moyens pour se permettre de payer des suites toutes plus luxueuses les unes que les autres. Il se dit donc que ce cadeau balançait légèrement les choses, et puis, ça lui ferait certainement plaisir, même si Robyn avait probablement les moyens de le faire elle-même.

Ayant rendez-vous en début de soirée, Lester se pressa tout de même de sortir Gary, avant de prendre une douche et de se changer. Comme à son habitude, il resta très sobre dans sa tenue, se contentant d’enfiler une chemise blanche légèrement déboutonnée et de mettre un costume noir, taillé sur mesure. Il paraît que Foley portait le costume à merveille, et c’est pour ça, et surtout par rapport à ses obligations de travail, que le seul luxe qu’il se permettait était d’avoir des costumes sur mesure taillés par un tailleur de renom. Pas de cravate, par contre. L’agent détestait les cravates. Les seules fois ou il en mettait étaient lors de ses interminables réunions avec ses supérieurs, les enterrements ou lorsqu’il avait été dans l’armée, avec son uniforme. Sinon, jamais de cravate, juste la chemise déboutonnée de manière intelligente afin que la gente féminine puisse apercevoir de manière discrète son torse musclé et viril ( ).

L’heure fatidique approchait à grands pas désormais, et Lester, caressant Gary une dernière fois, prit l’ascenseur pour le garage de l’immeuble. Il allait désormais rejoindre son deuxième enfant, qui lui était né des suites de son divorce avec Michelle. En effet, lorsqu’il se sépara de son ex-femme, Foley se lança dans la rénovation d’une ancienne voiture, qu’il retapa de long en large. Désormais, il était fier de sa Mustang Shelby GT 350 qu’il avait peinte en noir avec des rayures blanches. Pas une journée ne se passait sans qu’il ne la bichonnait, qu’il passait un coup de polish ou qu’il ne fasse un tour avec, rien que pour entendre le bruit de son moteur. Bref, Lester se mit en route pour son rendez-vous et conduisit prudemment, comme à son habitude. Et comme à son habitude une nouvelle fois, il était en avance, laissant les clés au voiturier de l’hôtel qui avait intérêt de faire attention à son enfant !

Foley avait dix minutes d’avance, et comme il était d’usage pour une femme de se faire désirer, Robyn aurait probablement du retard. Il sortit donc une cigarette d’un étui, qu’il alluma automatiquement pour faire passer le temps. Regardant sa montre du coin de l’œil, il aperçut un des fameux taxis new-yorkais s’arrêter au pied du luxueux immeuble. Emmitouflée dans un long manteau noir, Robyn fit une descente sur le tapis rouge digne de la montée des marches du Festival de Cannes. Lester ne put s’empêcher de détourner son regard de la jeune femme, très envoutante, subjugué par tant d’élégance. Il finit néanmoins par se reprendre et s’avança à son tour vers son amante, avant de passer le bras dans son dos, de l’amener légèrement vers elle et de poser un délicat baiser sur ses lèvres.

Tu es magnifique.

furent les seuls mots qui sortirent de la bouche de l’agent. Pas de bonsoir, ou bonjour, ou comment tu vas. Non. « Tu es magnifique » .. et c’était absolument vrai. La gratifiant d’un sourire sincère démontrant son bonheur d’être avec elle, il se contenta de l’embrasser une nouvelle fois avant de la prendre par la taille et de l’amener vers le restaurant de l’hôtel, ou le réceptionniste les interpella à leur passage.

Bonsoir Madame. Monsieur. Bienvenue à l’Oak Room. Puis-je savoir sous quel nom avez-vous réservé ?

Foley laissa répondre Robyn. Après tout, c’était elle qui avait organisé cette petite soirée. En tout cas, encore une fois, Lester était dépaysé par tant de luxe et semblait persuadé qu’à un moment ou un autre il ferait une connerie et tous les projecteurs de la haute société new-yorkaise seraient braqués sur lui !

Robyn se plaisait à se faire attendre cependant elle ne tarda pas outre-mesure, seulement dix petites minutes car elle était assez impatiente. A croire que sa relation avec Foley la faisait se redécouvrir continuellement. En effet jamais elle n'avait montré de réelle impatience au cours de sa vie sauf peut-être durant les longs mois de préparation qui précédèrent sa fuite d'Ukraine. Elle faisait preuve d'une patience incroyable durant ses contrat - ce qui était plutôt avantageux lorsqu'elle devait rester deux heures embusquée afin d'atteindre son cadavreux (comme elle se plaisait à appeler ses cibles) - et ne s'était jamais surprise à vraiment attendre un quelconque évènement. Presque agacée de son impatience à épater Foley elle n'avait donc pas tenu très longtemps avant d'embarquer dans son taxi VIP. Pas peu fière de son débarquement qui avait largement atteint l'effet escompté (suffit d'entendre son cavalier ne sortir qu'une seule et unique phrase) Robyn s'était docilement laissée embrasser tout en retenant quelque peu le plaisir qu'elle éprouvait. Elle n'aimait pas se livrer tout de suite et préférait largement cultiver une once (ou plutôt le Mont Everest) de mystère quant à ce qu'elle ressentait. C'était un jeu auquel elle adorait se livrer et s'y prêtait d'ailleurs avec grande attention. Certains mercenaires, car elle n'était rien d'autre (comment appelez vous une personne tuant n'importe qui pour de l'argent hein ?) ne s'autorisaient aucun plaisir charnel et se contentaient de la seule et unique jouissance qu'ils avaient à leur portée : celle d'ôter la vie. Triste vie en perspective pour la jeune femme qui avait depuis longtemps renoncé à ce mode quasi religieux (les meurtres en moins) de fonctionnement.

Alors que Lester avait délicatement passé sa main sur la taille de Robyn, ils s'avancèrent jusqu'à la réception, la jeune femme se délectant du sourire dont son cavalier venait de la gratifier. Bien qu'elle le trouvait en tout point parfait (le sourire), quelque chose semblait clocher. En effet un je-ne-sais-quoi avait troublé Robyn. Lester semblait heureux tout comme elle l'était cela ne faisait aucun doute mais une petite lueur dansait dans ses yeux, une lueur qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Il semblait presque ... sincère. Robyn avait-elle été une fois sincère dans sa vie ? Sûrement avec ses contrats puisqu'ils en exigeaient ainsi et qu'ils la payait mais du reste... Ce font donc profondément troublée sans pourtant en montrer le moindre prémice - comme elle avait l'habitude - qu'ils arrivèrent à l'entrée où un hôte d'accueil se tenait devant un registre de réservations. A l'intérieur le restaurant illuminé transpirait le luxe. Une table de bruyants convives était à l'écart et Robyn put reconnaître un haut dirigeant du Bureau Fédéral d'Investigation. Cela ne la contrariait en aucun et elle se complaisait d'ailleurs à se promener en toute liberté sous le nez de ceux qui avaient le pouvoir de la condamner à mort. La tueuse adorait faire tourner les gens en rond et lorsqu'ils ignore tout de vous, c'est plus que simplimissime.

Chazzer

Bien sur, veuillez me suivre s'il vous plaît !

Il les entraîna à l'intérieur du restaurant et les installa sur un table un peu plus reculée du centre de la salle où la lumière tamisée offrait un ambiance des plus parfaites et où des plantes et une somptueuse décoration venaient rappeler aux convives qu'ils n'étaient pas n'importe où. En parfait gentleman Lester offrit sa chaise à Robyn et tout deux s'installèrent sur les chaises, plus véritablement fauteuils que chaises puisqu'extrêmement rembourrés. Ils eurent à peine le temps d'échanger un regard qu'un serveur arriva leur demandant ce qu'ils prendraient. Pariant le whisky pour son cavalier, Robyn opta pour un clair de lune ; un délicieux coktail à base de champagne surmonté d'un peu de vodka, crème de framboise, angostura bitter ainsi que d'orange. La soirée commençait parfaitement bien.

Jolie voiture

Beaucoup de personne pensent que les femmes ne s'intéressent pas aux voitures, ce qui, en vérité, est parfaitement vrai cependant beaucoup de femmes également et cela c'est moins dit apprécient les voitures de sport ou de collection. Robyn faisait partie de la première catégorie et possédait d'ailleurs une superbe Aston Martin qui lui fut offerte par un employeur ravi de ses services. Qui disait que l'argent ne fait pas le bonheur ? Certes non, mais il y contribue tellement qu'il est absolument non négligeable. Jamais Robyn ne s'était vraiment trouvée malheureuse depuis son arrivée aux Etats-Unis (bien qu'elle ai trimé pour arriver à ce qu'elle est aujourd'hui) mais il est aussi tristement certain qu'elle n'avait jamais été extrêmement heureuse. Bien sur il lui arrivait souvent d'éprouver de la joie lors de la fin d'un contrat et de la somme versée sur ses comptes, de recevoir des présents de ses employeurs et toutes les petites choses comme ça cependant "heureuse" n'avait jamais vraiment fait parti de son vocabulaire. Comment pouvait-on l'être en répandant la mort à longueur de journées...

Le fait que les premiers mots de la ravissante jeune femme furent pour le réceptionniste rendit quelque peu notre agent spécial préféré légèrement jaloux. Mais dans le bon sens. Contrairement au réceptionniste, Lester lui possédait tous les avantages et surtout, il savait ce qu’il se passerait après dîner…. Tandis que Robyn s’occupait des formalités, Foley ne pouvait s’empêcher de regarder partout autour de lui. Tant de luxe lui était complètement étranger. Son regard passait de table en table, et il remarqua également la présence d’un des pontes locaux du FBI, qui était visiblement voué à devenir bientôt le numéro deux du Bureau. D’ailleurs cette huile –Graham Johnson – venait de remarquer l’agent et de lui faire un signe de la tête, puis d’un sourire. A moins que ce n’était pour Robyn, lui qui était surtout connu pour ses frasques extraconjugales. Lester lui rendit humblement son salut et sentit qu’il était bon pour avoir quelques remarques le lundi prochain. Lundi .. la journée qu’il détestait le plus. La journée-cravate. Celle ou il devait faire son rapport hebdomadaire à ses chefs, et ou il prenait généralement une engueulade corsée. Et Graham était l’un de ses chefs .. qui ne manquerait probablement pas de lui poser la question suivante lundi : « Au fait, Lester …. Comment s’appelle la charmante jeune femme avec qui vous diniez ce week-end ? » …

Le réceptionniste mena le jeune couple vers leur table, ou Foley, en parfait gentleman, sortit le grand jeu pour Robyn, allant même jusqu’à lui offrir sa chaise et à la tenir. Enfin, il avait fait ça parce qu’il l’avait vu faire dans les films, et il se doutait que dans un restaurant pareil, certaines manières étaient à respecter. Lui qui avait été élevé dans une modestie simple, il ne se faisait toujours pas à ce rêve doré. A peine fut-il installé qu’un serveur s’occupait déjà de sa commande. Et sa compagne actuelle pariait fort bien, ou alors avait beaucoup de chance, puisque Lester se décida à commander un single malt, un Laphroaig. Autant se faire plaisir après tout. Et puis rien ne vaut un malt sur les coups de 19-20 heures. Accompagné d’un bon cigare et l’affaire était dans le sac. Mais on pouvait bien sûr remplacer le cigare par une charmante jeune femme telle que Robyn. Le serveur retournant au bar avec ses commandes, Foley se surprit à surveiller les tables aux alentours. Vieille habitude professionnelle. Mais .. c’était pas Bruce Willis à la table du fond ? Putain, si on avait un dit un jour à Lester qu’il mangerait dans le même restaurant que le gratin hollywoodien, il ne l’aurait certainement jamais cru. Chazzer, une nouvelle fois, vint le faire descendre sur terre, l’interpellant.

Madame est une amatrice en plus ? Intéressant … Une Mustang Shelby GT 350 de ’67 … tu pourras peut-être la conduire un jour .. si tu es sage …

conclut-il avec un petit sourire de circonstance.

Remarque la carrosserie de Robyn n’était pas mal non plus dans son genre (je parle de son Aston Martin, bien sûr, what else ? :angel : ) . Décidément, cette femme le surprenait de jour en jour . Rares étaient les amatrices de belles mécaniques. En tout cas, ce n’était certainement pas le cas de Michelle qui avait eu son permis dieu-sait comment et qui avait eu plus de contraventions qu’il n’était permis d’en avoir. Bref, à ce rythme, Robyn allait sûrement lui dire qu’elle est également amatrice d’armes à feu. C’est le moment que choisit le serveur pour revenir avec les deux commandes, servant tout d’abord la charmante jeune femme, puis Lester qui se contenta de trinquer silencieusement avec Robyn, la gratifiant à nouveau d’un de ses sourires. Faisant légèrement tourner l’alcool dans son verre comme à son habitude, Foley finit par en déguster une gorgée, se reconcentrant à nouveau sur la tueuse.

J’allais oublier …

L’agent porta la main à la poche droite de son costume, afin de tirer de celle-ci un écrin noir, tout simple, qu’il posa sur la table et qu’il poussa vers Robyn.

Juste .. pour te remercier

conclut-il simplement. Lester n’était pas du genre à faire de grands discours et malheureusement, la plupart du temps, il se contentait du strict minimum, souvent vulgaire, notamment lorsqu’il fallait remonter le moral de ses équipiers ou les lancer à la tâche. L’écrin contenait un collier de perles provenant de chez Tiffany, la célèbre bijouterie new-yorkaise. Buvant une autre gorgée de son scotch, Lester espérait que cela lui plaise, et commençait presqu’à se mordre les doigts et à se demander s’il n’était pas trop « tôt » entre eux deux pour passer aux cadeaux. Et puis c’était pas son genre d’habitude, mais qu’est ce qui pouvait bien lui arriver pour qu’il agisse ainsi avec Robyn ?

[HRP : J’suis vraiment déçu de ma réponse, je me rattraperai la prochaine fois :bril :]

Robyn ne manqua pas de noter l'air surpris de Foley lorsqu'elle complimenta, bien que très avare dans ces formalités, sa voiture. Comme elle le pensait plus tôt rares étaient les hommes qui pensaient intéresser les femmes avec des voitures, la gente féminine ne s'accordant que très peu avec le vrombissement incessant des moteurs. Enfin rares ... Certains le faisaient toujours, complètement convaincus que cela intéressait leur cavalière, amante ou femme. Ceux là se faisaient d'ailleurs bien souvent jeter après mais bref, si c'est pour recommencer après, autant qu'ils soient jetés jusqu'à ce que cela rentre dans leur caboche de débiles. Loin du déplorable niveau, si de niveau on peut véritablement parler, Lester coupa vite court à la discussion avec une remarque qui fit esquisser un doux rictus à la tueuse. Cela l'arrangeait tout autant car bien qu'elle connaisse quelques rudiments en automobile et mécanique, elle n'excellait pas non plus dans la matière. En effet Robyn n'avait pas même choisi sa voiture qui lui avait plu légèrement au hasard, grâce à son design aux lignes courbées et à sa puissance. Son rayon à elle c'était l'assassinat, pas le transport. Si Foley avait commencé à lui dire qu'il portait une arme, là elle aurait pu disserter des heures durant mais bref, il ne fallait pas rêver non plus. L'agent regardait furtivement les environs lorsque son regard s'accrocha à une personne en particulier. Robyn conforta ce qu'il devait penser.

Il s'agit bien de lui, il vient régulièrement à l'Oak Room ces temps-ci.

Le serveur revint avec leurs commandes et Robyn regarda Lester absorbé parle contenu de son verre. Il ne fallait pas avoir le QI d'Einstein pour en conclure qu'il appréciait le whisky, optant pour ce qui aurait pu être un grand cru si cela avait été du vin. La jeune femme n'était pas une véritable amatrice de whisky mais savait cependant les déguster et nul doute à ce moment que Lester devait quasiment prendre son pied. Lui laissant un court laps de temps afin de pleinement savourer le breuvage ambré Robyn esquissa un doux sourire comme compatissante de ce plaisir. Il en existait bien d'autre que d'apprécier un verre de whisky cependant le bon alcool s'appréciait autant que ces autres choses, à quelques exceptions près comme le sexe. Le whisky, le vin, le champagne tout cela faisait parti de la catégorie "alcool" s'apparentant aux mêmes plaisirs que la catégorie "fumer" qui concentrait majoritairement les cigarettes et cigares. Alors qu'elle s'apprêtait à lui demander l'autorisation de tremper ses lèvres dans son verre, Foley se remémora quelque chose et sorti un écrin ébène de sa veste de costume. Le cœur de Robyn sembla s'arrêter et tout son sang se figea.

De toute sa vie, trente-et-une années d'existence, jamais personne ne lui avait fait de cadeau. On lui avait offert la possibilité de s'enfuir de son pays d'origine, celle de devenir une tueuse mais un véritable cadeau au sens d'un objet lui étant donné, jamais. Robyn n'avait jamais connu Noël, ni même le Premier de l'An. Ses anniversaires, le quatre juillet, la Saint Valentin, jamais elle n'avait fêté la moindre chose à part peut-être son élévation au rang de tueuse à gages. Certes elle allait régulièrement se défouler sur les dancefloors avec Eleanor, sa compagne de discothèque, et faisait donc ce qu'on pouvait appeler la "fête", se soûler et danser mais qu'avait-elle à fêter si ce n'est son dernier contrat en date ? Ne sachant que faire la jeune femme tenta de se reprendre en main afin de ne pas montrer qu'elle était profondément troublée. Outre le bijou magnifique - qu'il n'avait pas dû trouver dans le premier magasin venu - le symbole même du cadeau avait touché Robyn bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Vint alors le moment de se demander pourquoi diable Lester l'avait gratifiée d'un cadeau. Qui avait-il de spécial ? Pourquoi ? Pour la remercier avait-il dit. La remercier de quoi, de coucher avec ? Estomaquée Robyn pensa soudainement à l'image d'une prostituée et fut sûrement, l'espace d'une seconde, le plus mal à l'aise de toute sa vie. Tout ce qui s'était passé entre eux deux défila en l'espace d'une seconde devant ses yeux. Après tout, il ne savait rien d'elle mais pouvait-il à ce point se méprendre sur ses intentions ? Une rage soudaine voulut l'envahir et sa main se contracta. Si elle n'avait pas été en plein restaurant Foley sera déjà mort gisant dans une mare de sang, une balle entre les deux. Jamais elle ne s'était sentie aussi bafouée.

Me remercier ?

Robyn n'en revenait pas et espérait fort qu'elle faisait fausse route. Ressemblait-elle à une prostituée ? Ou bien elle avait tant de succès qu'elle en était devenue richissime ou bien c'était impossible de la voir ainsi. Jamais les hommes n'avaient pu la gêner ou bien l'embarrasser mais là Lester l'avait réduite à néant en l'espace d'une seule phrase. La chaleur du restaurant se fit pesante et le bruit insoutenable. Déglutissant avec peine Robyn s'empara brusquement de son verre afin de libérer sa gorge de l'étau qui l'étouffait. Pourquoi se sentait-elle ainsi ? Sa carapace impénétrable semblait avoir été brisée d'une simple et douce attention qui recelait finalement nombres de vices. La colère laissa place à la honte en moins de temps qu'il ne lui fallût pour le discerner et Robyn sentit son cœur se serrer. Depuis quand les dires d'une personne, d'un homme en particulier, la touchaient à ce point ? La colère était, du point de vue de la tueuse, l'émotion la plus facile à ressentir. Elle ne demandait aucun effort si ce n'est que d'haïre quelque chose ; simplissime. Le fait de tuer ou de torturer n'avait jamais suscité en elle peine, pitié ou même remords. Elle se contentait de faire ce pourquoi on la payait comme toute personne exerçant un métier. Les sentiments de tristesse ou de honte, elle ne les avaient pour ainsi presque jamais rencontrés et, sachant à peine ce que c'était, s'étonna et s'indigna de les ressentir savant pertinemment que Lester en était la seule et l'unique cause. Des centaines de fois on l'avait insultée - ce qui se soldait souvent par la mort de la personne fautive puisque c'étaient ses cibles - cependant Robyn ne les considéraient en rien et leurs paroles glissaient sur son armure de glace. Se pouvait-il, aussi incroyable et impossible cela paraissait, que cette même armure soit ébréchée ? Aussi libre que fière et arrogante que compétente la tueuse ne pouvait bien évidement se résoudre à incurver ses pensées en ce sens. Il était plus facile d'haïre et d'injurier que de faire face à ses propres sentiments, plus encore lorsqu'ils étaient parfaitement inconnus.

L'inconnu a toujours fait peur à l'homme et Robyn qui s'était toujours considérée comme à part n'en mesurait que le début de la grandeur.

HJ : Ton post précédent était très bien, de mon côté je ne suis pas sûre d'avoir facilité une réponse :s Je blablatte mais il ne se passe que quelques secondes en réalité ^.^ La fin assez négative est bien sure ce que ressent et le point de vue de Robyn (;

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